Des militaires traquent les détenus qui se sont enfuis de la prison Anisio Jobim Compaj, le 2 janvier. | MARCIO SILVA / AFP

Les autorités brésiliennes étaient, mardi 3 janvier, à la recherche de dizaines de fugitifs de deux prisons de Manaus (nord) au lendemain de la mutinerie qui a fait 56 morts, un massacre d’une extrême violence qui aurait été motivé par une « vengeance » entre gangs rivaux.

En tout, 184 détenus se sont enfuis de deux établissements de l’Etat d’Amazonie : 112 du complexe pénitencier Anisio Jobim Compaj, où le carnage a eu lieu, et 72 de l’Instituto Penal Antonio Trindade.

Selon les dernières informations des services de sécurité de l’Etat d’Amazonie, 40 d’entre eux ont d’ores et déjà été arrêtés. Un important dispositif de recherches a été mis en place pour retrouver ceux qui sont encore en cavale.

Une mobilisation dont l’efficacité a été mise en doute par une photo publiée sur Facebook par un internaute se présentant comme l’un de ces fugitifs, avec plus de 14 000 mentions « J’aime », sans que son identité n’ait été confirmée officiellement. « J’arrive, attention les célibataires », écrit cette homme sous l’une des photos.

Une « vengeance » du gang FDN

Les échos du massacre se sont propagés comme une traînée de poudre dans d’autres établissements pénitentiaires de la région, avec des débuts de mutineries, depuis contrôlées, dans deux d’entre eux.

Le bain de sang de Compaj, provoqué par la guerre entre factions criminelles, est le « plus grand massacre commis dans une prison en Amazonie », a dit Sergio Fontes, secrétaire à la sécurité publique de l’Etat, lors d’une conférence de presse, précisant qu’« un grand nombre de détenus ont été décapités ». La mutinerie, pendant laquelle douze surveillants ont été pris en otages, a duré dix-sept heures entre dimanche après-midi et lundi matin.

D’après les premiers éléments de l’enquête, la tuerie est considérée comme une « vengeance » du groupe local FDN (Familia do Norte), contre le PCC (Premier commando de la capitale), fondé à Sao Paulo. Selon la police brésilienne, le FDN a commencé à se structurer en 2007, en réponse aux velléités d’expansion du PCC pour occuper le terrain dans cette région stratégique, à la frontière de la Colombie, du Pérou et de la Bolivie, pour contrôler la route de la cocaïne.