Des policiers allemands surveillent le marché de Noël de Stuttgart. | SILAS STEIN / AP

Le ministre de l’intérieur allemand, Thomas de Maizière, préconise mardi 3 janvier dans un article du Frankfurter Allgemeine Zeitung un renforcement des moyens de la police fédérale allemande face aux menaces terroristes et aux cyberattaques. Quinze jours après l’attentat au camion-bélier commis le 19 décembre sur un marché de Noël de Berlin, qui a fait 12 morts, M. de Maizière insiste sur la nécessité de renforcer les pouvoirs de l’Etat fédéral en matière de renseignements intérieurs, actuellement partagés par les 16 Etats régionaux (les « Länder »).

« L’Etat fédéral n’est pas compétent pour des catastrophes d’ampleur nationale » comme l’attentat du 19 décembre, écrit le ministre conservateur. « Les compétences en matière de lutte contre le terrorisme international sont éclatées », regrette-t-il.

Besoin d’une meilleure coordination

Il propose de renforcer les compétences de la police fédérale et de mettre sur pied un centre de crise qui chapeauterait l’ensemble des services concernés par les questions de sécurité liées aux migrants et l’antiterrorisme. « Nous avons besoin de règles homogènes et d’une meilleure coordination », a-t-il souligné, notamment pour la surveillance des individus classés « dangereux », à l’instar d’Anis Amri, auteur présumé de l’attaque à Berlin tué en Italie après plus de trois jours de cavale.

Le Tunisien a vécu un an et demi en Allemagne dans différents endroits en utilisant plusieurs identités. Bien qu’identifié de longue date comme individu susceptible de préparer un attentat, la police berlinoise avait cessé de s’intéresser à ses activités en septembre, faute d’éléments suffisants, alors que dans l’Ouest du pays on le considérait encore comme une menace. Il a pu quitter le pays, passer sans doute par les Pays-Bas et la France, avant de gagner l’Italie en train où il a été tué par la police italienne dans une fusillade près de Milan le 23 décembre.

Le ministre estime que l’installation de plus de caméras de vidéosurveillance dans les lieux publics ne doit pas être un sujet tabou. En Allemagne, de telles mesures sont souvent difficiles à faire accepter à la population, qui n’a pas oublié les méfaits de la puissante Stasi à l’époque de l’Allemagne de l’Est.

Autre réforme voulue par M. de Maizière : les expulsions des demandeurs d’asile déboutés. Le ministre souhaite ouvrir des centres de rétention près d’aéroports où seront placées les personnes en voie d’expulsion pendant les semaines ou les jours précédents leur renvoi.

Anis Amri avait vu sa demande d’asile en Allemagne rejetée mais n’avait pu être renvoyé vers son pays d’origine, la Tunisie refusant de l’accueillir par manque de papiers d’identité.

La sécurité au cœur de la campagne des législatives

En cette année électorale allemande – des élections législatives sont prévues en septembre – les suggestions de Thomas de Maizière n’ont pas manqué de susciter des réactions. Sigmar Gabriel, le chef du Parti social-démcorate, partenaire de coalition avec les conservateurs de la chancelière Angela Merkel, s’est dit sceptique. « M. de Maizière ne suggère rien de plus que la création d’une grande commission sur le fédéralisme où le gouvernement fédéral et les Länder siègent ensemble et discutent », a-t-il estimé.

Pour le parti xénophobe Alternative pour l’Allemagne, dont le programme anti-immigration et nationaliste séduit de plus en plus d’électeurs, le gouvernement manque de crédibilité en matière de lutte contre l’insécurité. Georg Pazderski, un de ses dirigeants, estime que la formation d’Angela Merkel « a trop promis ces dernières années mais n’en a pas fait assez ».