Centre de recherche d’emploi mis en place pour les réfugiés, en juin, à Berlin. | JOHN MACDOUGALL / AFP

L’Allemagne a une nouvelle fois battu son record d’activité depuis la réunification. Selon les chiffres publiés, mardi 3 janvier, par l’agence nationale pour l’emploi, le taux de chômage a reculé de 0,3 % en décembre par rapport à l’an dernier pour s’établir à 6,1 %. Soit 2,691 millions de personnes sans emploi, contre à 2,795 millions en 2015.

De son côté, l’institut national de statistiques Destatis a précisé, le 2 janvier, que 43,4 millions de personnes étaient en activité outre-Rhin en moyenne en 2016. La progression de 1 % par rapport à 2015 s’explique par « une plus grande activité de la population du pays ainsi que par l’arrivée de travailleurs étrangers, qui ont permis de compenser les effets démographiques négatifs », selon Destatis.

Depuis treize ans, l’Allemagne vit une progression quasi continue de son taux d’activité. Son économie a créé depuis 2004 presque 4,2 millions d’emplois. L’évolution devrait se poursuivre l’an prochain, jugent les experts, même si le taux de chômage, en raison de l’arrivée des migrants en 2015 et 2016 qui doivent être formés, ne devrait plus baisser. « La création d’emplois, longtemps en forte hausse, s’est certes ralentie depuis cet été, mais la demande de nouveaux travailleurs évolue à un très haut niveau », a déclaré mardi Frank-Jürgen Weise, directeur de l’agence nationale pour l’emploi. « Nous estimons que l’Allemagne devrait créer en 2017 au moins 450 000 nouveaux emplois », avance le directeur adjoint de la chambre de commerce et d’industrie Volker Treier. Les secteurs de la santé et de l’éducation, du commerce de détail, des transports et de l’industrie hôtelière et de restauration devraient être les principaux moteurs de cette progression, suivis de l’industrie et de la construction.

Une cagnotte bien garnie

Conséquence de cette bonne santé du marché du travail, les caisses de l’agence pour l’emploi sont pleines à craquer. Grâce à un record de cotisations et à une baisse continue des prestations chômage, elle a dégagé de façon inattendue un bénéfice de… 4,9 milliards d’euros. La hauteur de cette manne dépasse largement toutes les prévisions : l’administration s’attendait pour 2016 à un excédent de seulement… 1,8 milliard d’euros.

Que faire de tout cet argent ? Frank-Jürgen Weise, qui dirige, outre l’agence pour l’emploi, celle dédiée aux réfugiés, a précisé d’emblée que les fonds seraient mis en réserve pour des temps difficiles. Les quelque cinq milliards viennent augmenter une cagnotte qui s’élève désormais à… 11 milliards d’euros.

La décision est loin de faire l’unanimité, en particulier chez les défenseurs toujours très sourcilleux de la bonne utilisation des deniers publics. L’influente fédération des contribuables allemands a ainsi plaidé en faveur de la baisse du taux de cotisation à 2,5 %, contre 3 % actuellement. « Le taux actuel de cotisation est en vigueur depuis 2011. Depuis, l’agence pour l’emploi a accumulé une réserve de plusieurs milliards, qui dépasse largement ses besoins », a déclaré Reiner Holznagel, président de l’association. D’autres voix plaident pour que l’agence prenne en charge le dossier de la formation continue, défi considérable pour l’avenir dans le contexte de la révolution numérique.