A quinze ans, et alors que son trafic migre de plus en rapidement vers le mobile, Vente-privée met les bouchées double pour rester dans la course technologique. Le site de déstockage en ligne va investir en 2017 près de 80 millions d’euros dans l’innovation et la recherche et développement, un budget quasiment doublé par rapport aux 45 millions d’euros dépensés un an avant. Une politique qui va se décliner en trois temps.

Tout d’abord, le groupe qui pèse un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros espère recruter 250 spécialistes des nouvelles technologies (principalement des développeurs) en 2017. Une gageure pour ce fleuron français du commerce en ligne, qui peine à convaincre de jeunes professionnels ultra-courtisés, et souvent séduits par des entreprises à la réputation plus technologiques.

« Cela va prendre du temps. Les profils sont rares, les salaires sont élevés, et dans l’e-commerce, les développeurs pensent qu’il n’y a pas de gros challenge. Or, Vente-privée a nombreux projets : sur la personnalisation de l’offre, l’expérience client, l’accélération de la livraison… Nous réalisons 82 % de notre trafic sur le mobile. Demain, ce sera 95 %. Le trafic quotidien atteint 4,5 millions de visiteurs uniques. Le terrain de jeu est immense », dit son fondateur Jacques-Antoine Granjon.

« L’entreprise a besoin d’outils pour son business »

Ensuite, pour être au plus proche des étudiants, Vente-privée s’est associé à deux écoles du numérique, Epitech, et l’Ecole 42, fondée par Xavier Niel (actionnaire à titre personnel du Monde), ami de M. Granjon afin de faire travailler une quarantaine d’étudiants sur des projets du groupe. Vente-privée ouvrira un espace destiné aux étudiants d’Epitech de 300 mètres carrés, tandis que leurs homologues de l’Ecole 42 ont, eux, été intégrés dans les équipes numériques de Vente-privée 2016.

Enfin, le site de déstockage va lancer son propre incubateur au sein de la Station F, la grande usine à start-up montée par Xavier Niel dans le 13e arrondissement à Paris, dont la date d’ouverture n’a pas encore été arrêtée. « Nous allons disposer de 80 postes dans la Station F pour recevoir une dizaine de start-up. Ces dernières devront déjà avoir un business model. Vente-privée a besoin d’outils pour son business, qu’il s’agisse d’améliorer l’expérience shopping du consommateur ou celle des marques », dit M. Granjon, qui, jusque-là, se contentait de mettre « des tickets » avec ses deux compères, Marc Simoncini (fondateur de Meetic, depuis revendu à Match.com) et Xavier Niel.

Si le quinquagénaire aux cheveux longs et au look de rockeur a décidé de passer à la vitesse supérieure, c’est parce qu’il a suivi de A à Z le projet de rénovation de la Halle Freyssinet, ancien nom de la Station F. Jusque-là, les autres incubateurs parisiens n’avaient pas retenu son attention.