La question des boues rouges a créé en septembre 2016 une vive polémique entre Manuel Valls et Ségolène Royal. | Anne-Christine Poujoulat / AFP

Plusieurs associations écologistes ont saisi le tribunal administratif de Marseille pour contester le délai de dérogation de six ans accordé par l’Etat à l’usine Alteo de Gardanne (Bouches-du-Rhône) pour mettre ses rejets liquides aux normes, ont-elles annoncé jeudi 5 janvier.

Sea Shepherd, Surfrider et la Ligue de protection des oiseaux (LPO) demandent l’annulation « pure et simple » de l’arrêté préfectoral du 28 décembre 2015, explique l’association Surfrider dans un communiqué, « afin que les rejets cessent et que la convention de Barcelone qui vise à protéger la Méditerranée soit respectée ». L’association France Nature Environnement demande, pour sa part, une réduction du délai de six mois.

« L’industriel et ses prédécesseurs ont rejeté depuis 1967 pas moins de 20 millions de tonnes de boues toxiques dites boues rouges », dans les calanques entre Marseille et Cassis, explique France Nature Environnement.

Un premier référé rejeté

Après cinquante ans de rejets de boues rouges polluantes en Méditerranée, Alteo a obtenu à la fin de décembre 2015 une nouvelle autorisation préfectorale et un délai de six ans pour mettre ses rejets liquides aux normes.

L’usine a modifié ses procédés et ne rejette plus qu’un liquide filtré, qui a abouti, selon Alteo, à une réduction du flux de métaux rejeté de plus de 99 %. « La pollution continue », dit France Nature Environnement, qui fustige des « dépassements autorisés atteignant parfois des valeurs 1 000 fois supérieures aux seuils imposés par la loi ».

En février, le tribunal administratif a rejeté un référé déposé par ces associations, qui demandaient la suspension de l’arrêté préfectoral. Le tribunal estimait alors que « la situation d’urgence alléguée par les associations requérantes n’était pas suffisamment caractérisée ».

Sur « ordre » de Manuel Valls

La question des boues rouges a créé en septembre une vive polémique entre le premier ministre Manuel Valls et la ministre de l’écologie Ségolène Royal. Mme Royal désapprouvait la décision d’autoriser de nouveau le rejet d’effluents, qui a, selon elle, été prise par le préfet sur « ordre » direct de M. Valls.

« Je gouverne, je décide, chacun doit être à sa tâche avec l’esprit et le sens du collectif », avait rétorqué le premier ministre.