« 30 % des prisons » seront également équipées de systèmes de brouilleurs de téléphones portables. | JAIR ARAUJO / AFP

Le président brésilien, Michel Temer, a réagi pour la première fois, jeudi 5 janvier, au massacre qui a fait cinquante-six morts dans une prison de Manaus (Nord), déplorant un « accident effroyable », avant d’annoncer la construction de nouveaux établissements pénitentiaires.

« Je souhaite tout d’abord exprimer ma solidarité aux familles qui ont perdu leurs proches lors des terribles événements », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Brasilia. « Il ne suffit pas de s’en tenir au diagnostic, il faut agir », a-t-il poursuivi quatre jours après le massacre, mettant fin à un silence mal perçu par de nombreux observateurs.

Pour faire face à la surpopulation carcérale, le plan national du gouvernement, estimé à 800 millions de réais (environ 250 millions d’euros), prévoit la construction d’au moins une prison dans chacun des vingt-sept Etats que compte le Brésil.

Il a aussi annoncé que ces nouvelles prisons disposeraient de deux bâtiments séparés pour que les détenus incarcérés pour des délits mineurs ne côtoient pas les criminels endurcis. Le gouvernement construira aussi cinq nouvelles unités de prison fédérale, à sécurité maximale, pour y transférer les « leaders hautement dangereux ».

« Trente pour cent des prisons » seront également équipées de systèmes de brouilleurs de téléphones portables afin d’éviter que les membres des gangs continuent de diriger leurs opérations de trafic de drogue derrière les barreaux.

Le contrôle des frontières

Le ministre de la justice, Alexandre de Moraes, a toutefois affirmé que la « seule construction de nouvelles prisons n’était pas suffisante » pour régler le problème pénitentiaire du pays. Il a notamment déploré le fait qu’un grand nombre de prévenus dans l’attente d’un jugement se retrouvent dans les mêmes prisons que les détenus déjà condamnés.

Selon lui, le nombre de « détenus provisoires » s’élève à 42 % au Brésil, contre 20 % en moyenne au niveau mondial et 8 % dans les pays développés. Dans la prison de Manaus, où a eu lieu le massacre, ce chiffre atteint 56 %.

L’enquête attribue le massacre de Manaus à une « vengeance » sur fond de guerre entre gangs pour le contrôle de cette zone frontalière stratégique de la route de la cocaïne. C’est pourquoi le ministre de la défense, Raul Jungmann, a annoncé que les fonds alloués au contrôle des frontières seront « doublés » en 2017 et que la police fédérale brésilienne va intensifier la collaboration avec les pays voisins.

Avec 622 000 détenus recensés par le ministère de la justice à la fin de 2014, le Brésil dispose de la quatrième population carcérale au monde, derrière les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Au niveau national, le taux de surpopulation est de 167 %.

Guerre des gangs au Brésil : 56 détenus tués à Manaus
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