Le mode de vie nomade des Pygmées, des chasseurs-cueilleurs, est menacé par la déforestation, l’exploitation des mines et l’expansion des terres agricoles des Bantous. | Desirey Minkoh / AFP

Quinze Bantous ont été tués jeudi 5 janvier dans une attaque attribuée à des Pygmées dans un village de la province du Tanganyika, dans le sud-est de la République démocratique du Congo (RDC), théâtre de fréquents conflits communautaires meurtriers.

« Des affrontements entre Bantous et Pygmées dans le village de Piana-Mwanga ont fait aujourd’hui 15 morts parmi les Bantous, 37 blessés et 65 maisons incendiées », a décompté Mgr Vincent de Paul Kwanga, évêque du diocèse de Manono (Sud-Est).

Kamona Lumuna, ministre de l’intérieur de la province du Tanganyika, a confirmé l’attaque, mais a dit que « le bilan exact des personnes tuées n’est pas encore connu ». Il a annoncé l’envoi « dès demain » d’une équipe d’enquêteurs.

Le mode de vie des Pygmées menacé

Les Pygmées de l’ethnie twa cherchent à faire reconnaître leur droit à l’égalité avec les autres citoyens de la RDC, mais leurs revendications se heurtent régulièrement au refus des populations bantoues de l’ethnie luba.

Le dernier affrontement d’envergure entre les deux communautés remonte à la mi-octobre : 20 personnes furent tuées au cours de trois jours d’accrochages, provoqués par un désaccord sur le versement d’une redevance due par les Pygmées aux Bantous pour une récolte de chenilles.

Depuis décembre 2013, dans le nord du Katanga – une région grande comme l’Espagne, morcelée en 2015 en quatre provinces, dont le Tanganyika –, de nombreux accrochages meurtriers ont lieu entre Bantous et Pygmées, notamment parce que le mode de vie nomade des Pygmées, des chasseurs-cueilleurs, est menacé par la déforestation, l’exploitation des mines et l’expansion des terres agricoles des Bantous.

La nouvelle flambée de violences entre les deux communautés a repris après une année d’accalmie obtenue grâce à la médiation des autorités locales et de la Mission de l’organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco).

A la fin de septembre, à l’issue d’une longue procédure, la justice congolaise a condamné quatre Bantous à quinze ans de prison pour crimes contre l’humanité.