Au menu cette semaine, une exposition sur les ours, un spectacle prolixe et foutraque, du street art, du baroque et une projection sur l’esthétique du pouvoir présidentiel.

EXPOSITION : A la rencontre de la grande famille des ours, au Muséum d’histoire naturelle à Paris

Vincent Munier / Muséum d'histoire naturelle

Il y en a des grands, des petits, des blancs, des noirs, des bruns, des tachetés ; certains arborent une sorte de crinière, d’autres une fantaisie capillaire qui leur fait une forme de collier ; certains sont végétariens, d’autres mangent des termites tandis que leurs cousins se délectent de phoques… La famille des ours est plus diverse qu’on l’imagine : on en compte actuellement huit espèces différentes que le Muséum d’histoire naturelle, situé au Jardin des Plantes à Paris, nous invite à découvrir à travers une exposition aussi pédagogique que ludique, « Espèces d’ours ! ». Caractéristiques biologiques, habitat, mode de vie, menaces pesant sur eux mais aussi histoire, mythes et légendes sont évoqués au fil d’un parcours en cinq étapes où l’on croise vingt-cinq spécimens naturalisés.

Les informations scientifiques sont toujours accompagnées d’anecdotes afin d’être accessibles à tous : on apprend ainsi que les ours frictionnent leur fourrure avec des racines préalablement mastiquées pour éliminer les parasites, qu’ils ingurgitent de la terre et des cailloux pour faciliter la digestion, qu’ils n’hibernent pas mais hivernent, contrairement à la marmotte. Des jeux interactifs installés à hauteur d’enfant permettent aux plus jeunes de vérifier, en s’amusant, que les informations ont été bien comprises. Une exposition bien léchée ! Sylvie Kerviel

Museum d’histoire naturelle, 36, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, Paris 5e. Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10 heures à 18 heures. Tarifs : 11 euros (plein), 9 euros (réduit). Jusqu’au 19 juin.

THÉÂTRE : Dans les méandres de mots de Chunky Charcoal, à Paris

Sébastien Barrier dans « Chunky Charcoal ». | Nicolas Joubard

C’est un cas, Sébastien Barrier : ancien bateleur de théâtre de rue, inventeur du personnage Renan Tablantec, il a retrouvé son vrai nom pour devenir ces dernières années un auteur d’un nouveau genre, une sorte de « paroliculteur » qui n’a pas son pareil pour accrocher son monde avec ses histoires qui partent dans tous les sens mais retombent toujours sur leurs pattes, à l’image de son chat Wee Wee. Après Savoir enfin qui nous buvons, spectacle culte, Barrier le barré a imaginé, avec le dessinateur Benoît Bonnemaison-Fitte et le guitariste Nicolas Lafourest, le formidable ­Chunky Charcoal.

Un spectacle comme un dédale vertigineux et ludique, une performance labyrinthique et jouissive, où les mots ont le premier rôle : mots parlés, mots dits, mots écrits, dessinés. Parole proliférante qui, sous le crayon et le fusain de Benoît Bonnemaison-Fitte, se transforme, en direct sur le plateau, sur l’immense page blanche qui couvre le fond de scène, en arborescences graphiques, en schémas s’enroulant et s’engendrant eux-mêmes. La parole se matérialise comme un énorme organisme vivant ; à l’intérieur se diraient les pertes que nous sommes en train de vivre, et les moyens de se retrouver. Fabienne Darge

Théâtre national de la Colline, 15, rue Malte-Brun, Paris 20e. De 10 à 30 €. Du mercredi au samedi à 20 heures, dimanche à 16 heures, jusqu’au 28 janvier. Durée : 2 heures.

STREET ART : « Wall Drawings » : les murs du monde au MAC Lyon

Une vue de l’exposition « Wall Drawings ». | Kid Kréol & Boogie

Le Musée d’art contemporain de Lyon fait une incursion du côté des arts urbains avec une exposition qui prend l’air de rien les propositions habituelles à rebours. Dix artistes ont en effet été conviés non pas pour créer « in situ », c’est-à-dire en prenant en compte le contexte lyonnais, mais au contraire pour donner à voir, à même les murs neutres de l’institution, ce que le concept globalisé de « néo-muralisme » recèle de pratiques ancrées dans des territoires et nourries par des traditions locales. Une approche proposée par un duo de commissaires : l’artiste Julien Malland, alias Seth, et Hervé Perdriolle qui mettent en avant des démarches porteuses d’un dialogue avec une société et un espace public spécifiques.

Parmi les artistes à découvrir dans ce petit panorama mondial présentant au passage une grande diversité de techniques : l’Argentin Jaz, qui met en scène des références à l’histoire et aux problématiques de son pays (ici à travers une grande fresque de papier), le duo de Réunionnais Kid Kréol & Boogie, qui propose de « remonter le temps par la lumière » aux origines cosmogoniques de leur île à l’identité récente avec une fresque immersive couvrant murs, sol et plafond, ou encore l’Australien Reko Rennie, qui explore son identité aborigène avec des symboles traditionnels combinés à l’univers visuel du graffiti. Mais aussi l’Israélien Addam Yekutieli, alias Know Hope, et ses installations minimalistes démultipliant les frontières, le Belge Charley Case, le Mexicain Saner, l’Ukrainien Teck, le Péruvien Eliot Tupac et la Chinoise Wenna. Emmanuelle Jardonnet

« Wall Drawings - Icônes urbaines », jusqu’au 15 janvier au MAC Lyon, 81, quai Charles-de-Gaulle. Du mercredi au dimanche de 11 heures à 18 heures. Entrée à l’ensemble des expositions : 8 €, tarif réduit : 4 €. Des murs à proximité du musée et dans des stations de métro proposent des extensions de l’exposition dans la ville.

EXPOSITION : Le Baroque européen dans tous ses états, au Louvre

Couvercle d’un sarcophage en forme de squelette, de Hans Conrad Asper, 1642. Musée de Salzbourg | Salzburg museum/Rupert Poschacher

Deux week-ends encore, pour étudier au Louvre jusqu’au 16 janvier, le goût de nos cousins européens au XVIIIe siècle, à travers des centaines d’œuvres prêtées par les musées de Salzbourg et de Stockholm. Dans l’aile Denon, l’exposition « Le Geste baroque » présente les collections des princes archevêques régnants qui transformèrent la cité autrichienne baignée par la rivière Salzach en « Rome du Nord ». Y sont exposées des miniatures, des esquisses, des maquettes, et des pièces d’orfèvrerie ou de marbre venues de la vingtaine d’églises et abbayes monumentales dont les flèches hérissent la petite ville enclavée au cœur des Alpes.

Du côté de Stockholm, ce sont les chefs-d’œuvre de la formidable collection d’un diplomate suédois, en poste à Paris de 1739 à 1742, qui éclairent la rotonde Sully. Carl Gustav Tessin, cet homme de goût, se lia avec les collectionneurs parisiens, les marchands et les artistes, comme François Boucher, devenu son ami. Il achetait bien et sans compter, ce qui lui valut d’être ruiné et de vendre sa collection à la couronne suédoise. Parmi ses trésors montrés à Paris, de très remarquables dessins, dont un portrait de femme à la tresse signé Dürer. Florence Evin

Musée du Louvre, Paris 1er, jusqu’au 16 janvier. Tous les jours de 9 heures à 18 heures sauf le mardi. Mercredi et jeudi jusqu’à 22 heures. Billet unique 15 euros. louvre.fr

PROJECTION : L’Elysée vu par Laurent Grasso, à la Galerie Perrotin, Paris

Extrait de « Elysée », film de Laurent Grasso. | Laurent Grasso

L’esprit d’un lieu, au-delà des agendas politiques. Dans un film, le plasticien Laurent Grasso a cherché à capter la charge symbolique et historique du Salon doré de l’Elysée, bureau des présidents français et incarnation de la République. Entre travellings et musique planante (signée Nicolas Gaudin, moitié du groupe Air), le temps y apparaît suspendu. L’image s’attache à l’esthétique du pouvoir, comme aux objets quotidiens de François Hollande, qui a permis à l’équipe de tournage de s’introduire quelques heures sur son lieu de travail pour cet inventaire visuel : gros plans aériens sur les dorures patinées, lustres, tapisseries ou serrures, mais aussi stylos, dossiers, téléphones, livres, presse, collection de petites voitures présidentielles sur la cheminée.

Sans oublier la vue sur le parc, et même un huissier et un garde républicain, parfaitement immobiles, qui font partie du décorum. Après des avant-premières en 2016, à Hongkong, Séoul et un soir aux Archives nationales, à Paris, pour la Nuit des musées, le nouveau film de Laurent Grasso a été projeté dans le cadre de son exposition « Paramuseum » au Palais Fesch, à Ajaccio, pendant tout l’été. Il sera visible pendant une semaine à la Galerie Perrotin à partir de samedi. Emmanuelle Jardonnet

“Elysée” (durée 16 minutes, projeté en boucle) à l’espace Saint-Claude de la Galerie Perrotin, 8, impasse Saint-Claude, Paris 3e, du 7 au 14 janvier. Du mardi au samedi, de 11 heures à 19 heures. Entrée libre.