C’est par une affichette apposée sur sa devanture que les visiteurs du jardin des Tuileries à Paris ont pu apprendre la fermeture de la Librairie des jardins, programmée pour le 6 janvier par son concessionnaire, la Réunion des musées nationaux (RMN). Attenante à la grille de la place de la Concorde, cette ancienne salle des gardes sous Catherine de Médicis fut transformée en librairie spécialisée par Françoise Simon, en 1996, pour le compte du Centre des ­monuments nationaux, rattaché au ministère de la culture. Elle l’anima pendant une vingtaine d’années, avant de prendre sa retraite en 2015. Elle y a proposé des milliers d’ouvrages, touchant tous les domaines du jardin : patrimoine, histoire, paysage, horticulture, botanique, médecine…

Fréquentée par les professionnels, fleuristes, jardiniers ou paysagistes, par les historiens ou les enseignants, par les touristes ou amateurs de passage, la librairie a accueilli de nombreux auteurs venus y faire des lectures ou participer à des conférences et des débats. Pour Françoise Simon, « attristée » par ce qu’elle nomme un « vaste gâchis », ce « lieu unique » remplissait une « mission culturelle ». Et d’évoquer pêle-mêle ceux qui, « jardiniers » ou non, y sont venus rencontrer leurs lecteurs : Claude Bureaux, Michel Lis, Alain Baraton, Erik Orsenna, Christian Tortu, Patrick Blanc, Gilles Clément, Pascal Cribier, Louis Benech, Didier Decoin ou Philippe Sollers… Parmi ceux-ci, Jean-Pierre Babelon, auteur d’un ouvrage de référence sur Le Nôtre, déplore cette fermeture « au nom des avertis et des curieux, de tous ceux qui avaient l’habitude d’y venir pour le plaisir de la découverte au détour d’une promenade ».

« Ilot de bonheur »

Chantal Colleu-Dumond, la directrice du Festival des jardins de Chaumont-sur-Loire, espérait une solution pour cet « extraordinaire îlot de bonheur, de savoir et de poésie au cœur de Paris ». Sylvie Ligny, la présidente de l’Association des journalistes du jardin et de l’horticulture, parle d’une « fermeture déplorable et injuste ». Du côté de l’Etablissement du Louvre, propriétaire des murs, on évoque la fréquentation, en comparant celle du musée, avec ses 8 millions de visiteurs (dont un sur dix se livre à un achat à la librairie récemment réaménagée, et qui devait agrandir son rayon jardins), avec celle des Tuileries (14 millions de visiteurs, mais bien moins de chalands à la Librairie des jardins). A la RMN, on confirme qu’un appel d’offres devrait être lancé sous peu… pour une activité de restauration.