Enrique Peña Nieto et Luis Videgaray, le 4 janvier à Mexico. | ALFREDO ESTRELLA / AFP

Remercié après avoir orchestré la visite polémique de Donald Trump au Mexique, le 31 août 2016, Luis Videgaray a été nommé, mercredi 4 janvier, ministre des affaires étrangères. Ce proche du président Enrique Peña Nieto revient sur le devant de la scène pour négocier avec le 45e président des Etats-Unis, dont l’investiture est prévue le 20 janvier.

M. Peña Nieto a déclaré que cette nomination visait à « accélérer le dialogue et les contacts avec la nouvelle administration » des Etats-Unis. Le 7 septembre, M. Videgaray avait pourtant quitté son poste de ministre du budget par la petite porte, une semaine après la rencontre entre le républicain, alors en campagne pour la Maison Blanche, et le président du Mexique. La visite avait été perçue comme une humiliation par sept Mexicains sur dix, selon les sondages.

Créer des « ponts »

Dans la foulée, M. Trump avait confirmé sa volonté de faire payer à son voisin du Sud, contre son gré, la construction d’un mur à la frontière entre les deux pays et de renégocier, voire d’annuler, le traité de libre-échange nord-américain (Alena) entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada. Il avait aussi qualifié les émigrés mexicains de « violeurs » et de « criminels ». « Avec Luis, le Mexique et les Etats-Unis auraient passé de merveilleux accords », avait réagi M. Trump à la démission de l’éminence grise du président mexicain, directeur de sa campagne électorale en 2012.

Le 8 novembre, la victoire surprise du milliardaire new-yorkais a changé la donne, justifiant la volonté de créer des « ponts » avec son équipe, prônée par M. Videgaray. Les liens noués entre cet économiste de 48 ans, docteur du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), et Jared Kushner, gendre et conseiller de M. Trump, en font le nouvel homme fort du gouvernement pour convaincre le prochain président américain de l’importance de l’Alena.

L’enjeu est de taille pour le Mexique, dont 80 % des exportations vont aux Etats-Unis, où vivent 12 millions d’immigrés mexicains, dont près de la moitié sont des clandestins, menacés par des expulsions massives. Le constructeur automobile Ford a renoncé, mardi, à installer une nouvelle usine au Mexique, alors que M. Trump a annoncé des sanctions protectionnistes. Quelques heures plus tard, le peso mexicain chutait à son minimum historique.

« Je ne suis pas diplomate », a reconnu M. Videgaray, dont le manque d’expérience soulève les critiques. Pour Luis Miguel Barbosa, sénateur du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche, opposition), « c’est la première fois que la nomination d’un ministre mexicain des affaires étrangères est avalisée par le prochain président des Etats-Unis. »