Deux groupes de population indigène de Namibie ont déposé devant un tribunal de New York un recours collectif contre l’Allemagne pour obtenir réparation du génocide dont ils ont été victimes durant la période coloniale à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.

Le recours, déposé jeudi 5 janvier par des associations herero et nama, demande également que leurs représentants participent aux négociations à ce sujet menées entre l’Allemagne et la Namibie.

Berlin et Windhoek négocient actuellement une déclaration commune dans laquelle l’Allemagne entend s’excuser des massacres dans son ancienne colonie africaine. Mais Berlin considère ne pas avoir à verser de dédommagements, compte tenu de l’aide au développement versée à la Namibie depuis son indépendance de l’Afrique du Sud en 1990.

Les plaignants ont souligné que le recours était déposé « au nom de tous les Herero et Nama dans le monde, à la recherche de réparations et de compensations pour le génocide » subi durant la période coloniale allemande et reconnu par le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, le 15 juillet 2016.

Ils réclament que cette reconnaissance du génocide soit officialisée par le Parlement allemand et qu’aucun règlement ne soit conclu sans leur assentiment.

Premier génocide du XXe siècle

Selon le recours déposé, entre 1885 et 1903, un tiers des terres des Herero et des Nama a été saisi sans compensation par les colons allemands, avec le consentement explicite des autorités allemandes.

Le recours dénonce également la « répression des soulèvements populaires par les autorités allemandes en 1904-1905 qui a provoqué la mort de quelque 100 000 membres des peuples herero et nama » et est souvent considérée par les historiens comme le premier génocide du XXe siècle.

Parmi les plaignants figurent notamment Vekuii Rukoro, considéré comme le chef du peuple herero, David Frederick, président de l’Association des autorités traditionnelles des Nama, et l’Association aux Etat-Unis du génocide herero.

A Berlin, le porte-parole du ministère des affaires étrangères Martin Schaefer, a refusé de commenter cette plainte dont il n’a pas pris connaissance, mais a indiqué que les négociations lancées il y a deux ans avec la Namibie visaient à dégager « une voie commune pour le futur. (...) Les discussions avec la partie namibienne se déroulent bien de notre point de vue, a ajouté le porte-parole Martin Schaefer. Les pourparlers ne sont pas faciles, car le sujet est délicat, mais ils se tiennent dans un esprit de confiance et de compréhension mutuelle ».