Les nouvelles violences ont eu lieu dans la prison du « Desembargador Raimundo Vidal Pessoa », à Manaus. | RAPHAEL ALVES / AFP

En une semaine, les violences carcérales qui secouent le Brésil ont fait une centaine de morts. Au moins quatre détenus ont été assassinés, la plupart décapités, dimanche 8 janvier dans une prison de Manaus, dans le nord du pays

L’établissement « Desembargador Raimundo Vidal Pessoa », fermé en octobre pour des raisons sanitaires, avait été rouvert en urgence lundi pour accueillir quelque 300 prisonniers venant de trois prisons de Manaus, dont celle où avait eu lieu une semaine auparavant le massacre de 56 détenus.

Là, pendant dix-sept heures, les victimes, la plupart membres du Primeiro comando da capital (PCC) – une organisation criminelle, née dans l’Etat de Sao Paulo – ont été massacrés, décapités, carbonisés ou écartelés lors d’un affrontement avec une autre faction, la Familia do Norte (FN) implantée en Amazonie et alliée au Comando Vermelho (CV). « Un nouveau chapitre macabre de la guerre des gangs », selon les mots de Renato Sergio de Lima, du Forum brésilien de sécurité publique. Quatre jours plus tard, c’est dans le pénitencier agricole de Monte Cristo, près de la ville de Boa Vista, dans l’Etat du Roraima, que trente-trois prisonniers etaient retrouvés morts.

Le drame de Manaus, ce dimanche, a eu lieu « pour une raison inconnue », selon un communiqué du comité local de gestion de crise, pour lequel « la situation est considérée pour l’instant comme stable ».

La création de nouvelles prisons prévue

Ces violences résultent d’une guerre de clans entre le Comando Vermelho (CV), originaire de Rio de Janeiro et allié de la FDN (Familia do Norte), jugé responsable par la police de la tuerie de Manaus et le puissant PCC (Premier commando de la capitale) de Sao Paulo, grand rival du CV. Frontaliers de la Colombie, du Pérou, de la Bolivie ou du Venezuela, les États du nord du Brésil constituent un enjeu stratégique pour ces factions qui cherchent à contrôler les approvisionnements en cocaïne.

Avec 622 000 personnes en détention, le Brésil compte la quatrième plus importante population carcérale du monde après les Etats-Unis, la Chine et la Russie, selon les chiffres officiels. Le taux d’occupation des prisons brésiliennes atteint 167 % et il faudrait augmenter le nombre de places de 50% pour résoudre le problème, selon un rapport du ministère de la Justice.

Michel Temer, le président de ce pays qui traverse une grave crise économique et politique a annoncé jeudi un nouveau plan de sécurité prévoyant la création de nouvelles prisons dans tous les Etats, ainsi qu’une modernisation du système carcéral.