Le premier ministre japonais, Shinzo Abe a appelé, dimanche 8 janvier, le gouvernement sud-coréen à retirer une statue de « femmes de réconfort » érigée, le 28 décembre 2016, devant le consulat japonais dans la ville sud-coréenne de Busan.

Vendredi, Tokyo avait rappelé son ambassadeur en Corée du Sud et son consul dans la ville portuaire méridionale de Busan, à cause de cette statue symbolisant le sort réservé à ces femmes, esclaves sexuelles de l’armée impériale nippone durant la domination coloniale, de 1910 à 1945.

La plupart des historiens estiment que jusqu’à 200 000 femmes, essentiellement des Coréennes mais aussi des Chinoises, des Indonésiennes et des ressortissantes d’autres pays asiatiques, ont été enrôlées de force et contraintes de se prostituer.

Un accord présenté comme « définitif »et « irréversible »

Les atermoiements de Tokyo pour reconnaître l’esclavage sexuel dont furent victimes les « femmes de réconfort » enveniment régulièrement, depuis plusieurs décennies, les relations nippo-coréennes.

Ce contentieux semblait avoir été réglé par l’accord entre la présidente sud-coréenne Park Geun-hye et Shinzo Abe, en décembre 2015. Celui-ci, qualifié par les deux pays de « définitif » et « d’irréversible », devait conduire le Japon à verser des dédommagements et à présenter ses « excuses sincères ».

« Le Japon a déjà versé un milliard de yens (8,1 millions d’euros) et nous avons rempli nos obligations avec sincérité. Je crois que c’est au tour de la Corée du Sud de faire preuve de sincérité, de façon indéfectible », a déclaré M. Abe dans une émission diffusée dimanche par la télévision NHK.

Les sondages indiquent toutefois que l’accord de décembre 2015 n’a jamais été accepté par l’opinion sud-coréenne, bien qu’une partie des 46 victimes survivantes aient donné leur accord pour recevoir l’indemnisation offerte par le Japon.

La statue mise en place à Busan par des militants sud-coréens est une copie de celle érigée en face de l’ambassade du Japon à Séoul en 2011. En dépit de l’accord de 2015, cette dernière est restée en place, protégée 24 heures sur 24 par des militants.

Dans un premier temps, la statue de Busan avait été enlevée, mais les autorités locales ont laissé les militants la réinstaller. Ce revirement faisait suite à une visite par la ministre japonaise de la défense, Tomomi Inada du sanctuaire tokyoïte Yasukuni qui honore des criminels de guerre japonais.