Le vote d’attribution des JO 2024 est prévu le 13 septembre. | Thibault Camus / AP

Par Laurent Thieule, président du think tank Sport et citoyenneté

Paris et la région Ile-de-France veulent prendre rendez-vous avec le rêve olympique en 2024 et invitent tous les Franciliens à le partager dès les premiers jours de désignation du site des Jeux par le Comité international olympique (CIO), en septembre 2017. Alors s’ouvrira un septennat de préparation propice à créer un élan citoyen qui peut transcender toutes les générations, tous les milieux sociaux, toutes les identités culturelles sur le territoire du Grand Paris.

Un territoire où vit toute une population de jeunes issus de l’immigration récente et de plusieurs générations qui, trop souvent, a été celle des rendez-vous manqués. Isolés dans leurs quartiers, coupés du marché de l’emploi, tentés par le repli communautaire et en quête d’identité, ces jeunes doivent être reconnectés à la vie citoyenne, au monde du travail, et s’y sentir utiles et intégrés.

La formation et l’emploi

La préparation des JO 2024 est une formidable opportunité d’ouvrir un ambitieux chantier de « quartiers olympiques », destiné à favoriser l’intégration de jeunes volontaires à l’organisation des Jeux et l’occasion de créer les conditions d’un héritage tangible et durable sur la cohésion sociale.

Un processus d’intégration, s’il peut réussir, nécessite plusieurs ingrédients dont dispose le projet olympique.

Celui-ci propose tout d’abord à ces jeunes générations un partage de valeurs qui sont celles de l’idéal olympique, idéal de participation et de compétition, mais aussi de tolérance et de partage. Nous butons depuis trop longtemps sur le rejet par ces jeunes d’un langage et d’une narrative soit exclusivement laïque, ou a contrario exclusivement confessionnelle, dans lesquels ils ne se retrouvent pas. Le partage des valeurs du sport et de l’olympisme peut plus facilement les réconcilier à leur environnement social.

Deuxième facteur d’intégration, la formation et l’emploi aux postes d’organisation des JO 2024. 20 000, 30 000, 40 000 volontaires devront être formés et préparés à des tâches multiples dans les domaines des services, des métiers du sport, de l’organisation des événements pour l’accueil du public, des athlètes, de la presse, des VIP. Un chantier qui va aller au plus profond des « quartiers olympiques » pour y mobiliser, identifier et mettre en ordre de marche des milliers de jeunes à qui l’on va donner un vrai sens à se présenter le lundi matin à huit heures à une séance de formation.

Rendez-vous de la jeunesse

Un chantier qui doit susciter un partenariat entre les collectivités territoriales impliquées dans le projet olympique francilien et, en particulier, la région Ile-de-France, compétente dans le domaine de la formation professionnelle et gestionnaire du Fonds social européen qui pourrait dégager un programme spécial pour ces JO 2024.

Un chantier que nous avons proposé au Comité d’organisation de Paris 2024 dans le cadre de la collaboration que nous avons avec eux et auquel seraient associés les entreprises et les syndicats franciliens, afin de transformer ces missions olympiques en emplois durables. L’argent public du dossier 2024 économisé dans la construction d’infrastructures sportives pourrait servir au financement de ces programmes de formation professionnelle à destination des jeunes.

Reste la volonté politique qui doit se manifester à tous les niveaux de la gouvernance du pays : du futur président de la République et de son gouvernement, aux autorités territoriales franciliennes et parisiennes, solidairement engagés à ouvrir ce septennat olympique sur la base de ce fil conducteur économique et social au service de milliers de jeunes. Le CIO pourrait en septembre offrir à la France une formidable opportunité jusqu’alors manquante de réussir en 2024 ce rendez-vous de la jeunesse des « quartiers olympiques ».

Laurent Thieule, président du think tank Sport et citoyenneté