L’entourage de Donald Trump commençait tout juste à laisser entendre que le président élu « accept [ait] les conclusions [des agences de renseignements] » américaines, qui ont publié, vendredi 6 janvier, la version déclassifiée d’un rapport accusant les services secrets russes d’avoir ordonné la série de piratage qui ont émaillé la campagne présidentielle américaine. Mais dès lundi, le fondateur de WikiLeaks a tenu à le réaffirmer : sa source n’est « ni la Russie, ni un autre Etat ».

Julian Assange, qui tenait une conférence de presse en ligne, a violemment critiqué le rapport publié vendredi – qui affirme notamment que ce sont très probablement les services russes qui ont fourni les courriels volés au directeur de campagne de Hillary Clinton et au parti démocrate à WikiLeaks. « J’ai lu, littéralement, des milliers de rapports des services de renseignement. Le document publié vendredi n’est pas un rapport (…). C’est un communiqué de presse, clairement écrit pour avoir un effet politique. C’est franchement embarrassant pour la réputation des services de renseignement américain. »

« Nos sources nous font confiance »

Le document en question, expurgé de sa partie classée, ne contient en effet aucun des éléments de preuves matérielles sur lesquelles disent s’appuyer le CIA, le FBI et la NSA, qui l’ont corédigé. De son côté, M. Assange, qui affirme depuis des mois que sa source n’est pas la Russie, n’a pas non plus fourni d’éléments probants à l’appui de son affirmation lors de sa conférence de presse. Ni apporté de réponse convaincante à une question qui revient régulièrement : puisque le système même de WikiLeaks est conçu pour que les lanceurs d’alerte qui lui envoient des documents puissent rester totalement anonymes, comment l’organisation peut-elle affirmer avec certitude qu’elle n’a pas été manipulée par un gouvernement ?

A cette question, M. Assange a répondu que « WikiLeaks ne dit jamais si nous connaissons ou non notre source. Nous avons fait une exception pour dire que nous savons que dans ce cas, il ne s’agit pas d’un Etat – nous ne parlons de nos sources qu’avec d’infinies précautions, et nous n’avons jamais rien fait qui puisse nuire à nos sources. C’est pour cela que nos sources, y compris au sein de l’administration américaine, nous font confiance », a-t-il dit, sous-entendant que la source des documents publiés durant la campagne pourrait aussi venir « de l’intérieur ». « Chaque information que nous rendrions publique permettrait de faciliter une enquête », a-t-il précisé.

Pour la première fois, le rapport des agences américaines confirmait également que des pirates étaient parvenus à s’introduire dans les machines du Parti républicain. Interrogé sur le fait de savoir si WikiLeaks s’était aussi vu proposer des documents liés au Parti républicain, M. Assange a affirmé que cela n’avait pas été le cas.

M. Assange a cependant trouvé dans le rapport des services de renseignement américains un motif de satisfaction : « Le rapport note que les documents publiés par WikiLeaks sont tous authentiques. En dix ans, nous avons toujours publié des documents authentiques – et dans ce cas, notre authentification est confirmée par la CIA, le FBI, la NSA et l’ODNI [qui supervise le renseignement américain]. »

« Fuite politique »

Vendredi, WikiLeaks avait critiqué la publication par la chaîne américaine NBC d’extraits du rapport avant qu’il soit rendu public, dénonçant une « fuite politique » d’un document. Une déclaration qui a valu à WikiLeaks de nombreux commentaires moqueurs, plusieurs médias américains notant qu’il est ironique qu’une organisation dédiée à la publication de fuites prenne position contre une fuite.

L’organisation a également été très critiquée le même jour après un message publié par l’un de ses comptes annexes, « WikiLeaks Task Force », dédié à la « correction des désinformations concernant WikiLeaks et à la diffusion de nos publications », comme il se définit lui-même. Dans un message depuis supprimé, la « Task force » envisageait de créer une base de données des relations entre tous les utilisateurs « vérifiés » de Twitter – une idée immédiatement dénoncée comme effrayante par de très nombreux utilisateurs de Twitter. Peu après, WikiLeaks a désavoué sa « Task force », dans un message notant que « seul le compte@wikileaks est autorisé à faire des déclarations au nom de WikiLeaks ».