Shai Masot dans la video | AL-JAZIRA / AP

L’ambassadeur d’Israël à Londres Mark Regev a présenté ses excuses, dimanche 8 janvier et le Foreign office a considéré l’incident comme « clos ». Mais la vidéo tournée en caméra cachée par la chaîne qatarie Al-Jazira et diffusée par le Mail on Sunday apparaît pour le moins embarrassante pour l’Etat hébreu. On y voit Shai Masot, conseiller politique confirmé à l’ambassade et officier de Tsahal – l’armée de défense d’Israël – discutant de la manière de compromettre des responsables politiques britanniques afin de les « faire tomber ».

Il vise particulièrement Alan Duncan, secrétaire d’Etat chargé de l’Europe et des Amériques qui a qualifié la colonisation israélienne de « tâche sur la carte du monde ». Boris Johnson, le patron du Foreign office et de M. Duncan, en revanche ne l’intéresse pas car, tranche le représentant israélien, c’est « un idiot (…) sans la moindre responsabilité ».

« Je suis sûre qu’ils ont quelque chose à cacher »

La scène a été tournée en octobre dans un restaurant où Shai Masot se trouvait en compagnie de Maria Strizzolo, ancienne assistante du secrétaire d’Etat à l’éducation Robert Halfon. Le troisième convive, un certain « Robin » s’était fait passer pour un membre des Amis travaillistes d’Israël ; c’était en réalité un journaliste d’Al-Jazira.

La séquence fait partie d’une série de reportages ayant consisté à enregistrer à leur insu et à de multiples reprises entre juin et novembre 2016 une série de militants pro-israéliens, de responsables politiques britanniques et de membres de l’ambassade israélienne à Londres. L’ensemble doit être diffusé à partir du 15 janvier.

« Puis-je vous donner le nom de députés que je vous suggère de faire tomber ? » lance l’employé de l’ambassade d’Israël. Son interlocutrice se montre ouverte à sa proposition. « En regardant bien, je suis sûre qu’ils ont quelque chose à cacher », affirme-t-elle avant d’ajouter : « Un petit scandale peut-être ». L’Israélien suggère le nom du « ministre adjoint des affaires étrangères », autrement dit M. Duncan qui, assure-t-il, « pose encore problème ».

Des propos « totalement inacceptables »

Alors que le scandale montait, dimanche, Mme Strizzolo a mis ses propos sur le compte d’une conversation amicale tenue sur le mode de la « plaisanterie » et du « bavardage » et enregistrée « au moyen d’un subterfuge ». L’affaire intervient une semaine après que la première ministre britannique Theresa May a critiqué les propos du secrétaire d’Etat américain John Kerry qualifiant le gouvernement Nétanyahou de « coalition la plus à droite de l’histoire israélienne ».

« Nous ne pensons pas qu’il convienne de critiquer la composition du gouvernement démocratiquement élu d’un allié », avait estimé Downing Street. Une remarque considérée comme destinée à se rapprocher de la future administration Trump qui a battu froid Mme May jusqu’à présent.

Dimanche, un porte-parole de l’ambassade d’Israël au Royaume-Uni a qualifié de « totalement inacceptables » les propos tenus par Shai Masot dans la vidéo et assuré que son emploi à l’ambassade allait se terminer « sous peu ». Le porte-parole de Boris Johnson, lui, s’est bien gardé de commenter les termes fort peu diplomatiques utilisés par l’officiel israélien pour qualifier « Boris ». « Le Royaume-Uni a une relation forte avec Israël et nous considérons le sujet clos », a tranché le Foreign Office.