Les sanctions prises par les Etats-Unis à l’encontre de la Russie continuent à tomber. Washington a sanctionné lundi 9 janvier un proche du président Vladimir Poutine et deux meurtriers présumés de l’opposant Alexandre Litvinenko, ex-espion du KGB, empoisonné au polonium à Londres en 2006.

Le Trésor et le département d’Etat ont annoncé dans des communiqués qu’ils ajoutaient trois noms – Alexander Bastrykin, président du Comité russe d’investigation, Andreï Lougovoï et Dmitri Kovtoun – à la liste dite Magnitski, du nom d’une loi américaine de décembre 2012. Cette loi permet de geler les éventuels biens et intérêts aux Etats-Unis de responsables russes coupables selon Washington de graves violations des droits de l’homme.

L’actualisation de cette liste Magnitski, qui est faite chaque année par l’exécutif américain auprès du Congrès, est une source de grandes tensions depuis 2012 entre Moscou et Washington.

Sergueï Magnitski, un juriste russe devenu un symbole de la lutte contre la corruption, avait été arrêté en 2008 après avoir dénoncé une vaste machination financière ourdie, selon lui, par des responsables de la police et du fisc russes au détriment de l’Etat russe. Sa mort en prison en 2009 avait été le déclencheur des crispations entre la Russie et les Etats-Unis.

La liste qui porte son nom comprend dorénavant « 44 noms » et « les personnes [qui y figurent] sont inéligibles pour obtenir un visa et pour être admises aux Etats-Unis », selon la diplomatie américaine.

35 diplomates expulsés fin décembre

Le Trésor ne donne aucun détail sur les trois nouveaux responsables russes visés par des sanctions américaines, en dehors de leur nationalité russe et de leurs dates de naissance.
M. Bastrykin est selon la presse un procureur proche du président Poutine, patron du Comité fédéral d’investigation, l’équivalent russe du FBI américain, qui aurait conduit nombre d’enquêtes contre des opposants au chef du Kremlin.

Les deux autres sont Andreï Lougovoï, un agent secret russe devenu parlementaire, et Dmitri Kovtoun, un homme d’affaires russe. Ils sont soupçonnés d’être directement liés à l’affaire Litvinenko, du nom de cet ancien agent du FSB (ex-KGB, services de renseignement russes) devenu opposant au Kremlin et empoisonné au polonium-210 à Londres en novembre 2006 sur ordre probable de Moscou, selon la justice britannique.

A l’époque, Alexandre Litvinenko, 43 ans, un transfuge du FSB réfugié au Royaume-Uni, avait bu un thé avec Andreï Lougovoï et Dmitri Kovtoun dans un hôtel londonien. Il avait succombé peu après à un empoisonnement au polonium, une substance radioactive.

Fin décembre, dans une autre affaire, le président Barack Obama avait pris des sanctions contre la Russie, dont « les cyberactivités avaient pour but d’influencer l’élection » présidentielle américaine de novembre. Le président américain avait décidé d’expulser trente-cinq diplomates russes et leurs familles vers la Russie.