En France, les réductions d’effectifs du groupe Parrot devraient se traduire par « la suppression d’environ 150 postes ». | Parrot

Exemple de réussite de la French Tech, Parrot traverse la plus grave crise de son histoire. Le groupe français (un millier de salariés au total) a annoncé lundi 9 janvier qu’il allait couper de 30 % les effectifs de sa branche drones (soit 290 salariés sur un total de 840). En France, les réductions d’effectifs devraient se traduire par « la suppression d’environ 150 postes » et porter sur la recherche et développement, le marketing, les achats et les fonctions support. Cette décision est liée à une dégradation des ventes qui n’a cessé de s’aggraver au cours de l’année et s’est soldée, sur les trois premiers trimestres de 2016, par une perte cumulée frisant les 100 millions d’euros.

Pionnière des drones de loisirs depuis 2010, la société fondée par Henri Seydoux était devenue le numéro deux de ce secteur, qui enregistre depuis plusieurs années une croissance très soutenue. Mais la guerre des prix, impulsée par les marques chinoises (en particulier DJI, qui détient les deux tiers du marché mondial), et le renouvellement accéléré des produits ont placé Parrot en grande difficulté. Les ventes décevantes du Disco, une aile volante destinée à un public éclairé mais restreint présentée cet automne, ont précipité les difficultés de la société parisienne. Faute de nouveautés, Parrot n’était pas présent au Salon CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas (qui a fermé ses portes le 8 janvier), manifestation à laquelle l’entreprise participait régulièrement.

Plan d’action

Dans l’impossibilité de dégager des marges sur les drones grand public, Parrot constate qu’il n’est pas envisageable « d’assurer une croissance rentable de cette activité à moyen et long terme ». Sur les 85 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés au dernier trimestre (contre 100 millions prévus en novembre), les drones ont généré autour de 60 millions d’euros, dont environ 11 millions pour les produits professionnels et 49 millions pour ceux consacrés au grand public.

Dans un communiqué, Parrot « se fixe comme objectif d’équilibrer sur l’année son exploitation hors coûts de transition de son activité drones grand public ». Le groupe va mettre en œuvre un plan d’action visant à « concentrer la capacité d’innovation sur un nombre réduit de nouveaux produits » et « recentrer les moyens marketing et commerciaux sur les canaux de distribution les plus rentables et les marchés les plus prometteurs ».

Parrot évoque une croissance de 10 % en 2017, en misant sur le lancement – à un horizon non précisé – d’un nombre limité de produits innovants « permettant de créer de nouveaux usages ». La diversification dans les services aux entreprises, notamment dans le secteur du bâtiment, va se poursuivre mais ces activités sont encore trop marginales pour compenser les déconvenues subies dans le grand public.

Alors que Parrot cherche à s’en désengager, son activité automobile – qui fournit aux constructeurs des équipements pour voitures connectées – tient le choc avec un chiffre d’affaires de 23 millions d’euros au quatrième trimestre 2016. Des discussions sont en cours avec l’équipementier Faurecia, qui doit prendre une participation de 20 % de Parrot Automotive et envisage d’en racheter la totalité dans les cinq ans. Parrot, qui avait réalisé en 2015 une levée de fonds de 300 millions d’euros – la plus importante de l’année, en France –, estime toutefois disposer « d’une situation financière saine » et s’estime capable de « financer la poursuite de ses investissements dans un secteur des drones civils en pleine croissance ».