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Un tiers des femmes ont déjà trompé leur partenaire au cours de leur vie. Le chiffre est en augmentation, mais reste inférieur à la proportion d’hommes ayant déjà été infidèles, qui atteint presque 50 %. Ces résultats sont tirés d’un sondage effectué par l’IFOP auprès de 3 406 Françaises âgées de 18 ans et plus, du 25 octobre au 3 novembre 2016, par questionnaire autoadministré en ligne. Le commanditaire, Daylov, est un nouveau venu sur le marché concurrentiel des sites de rencontres extraconjugales, qui espère prospérer auprès de cette population.

Ce chiffre est sensiblement plus élevé que l’estimation tirée de l’enquête de référence sur le sujet, « Contexte de la sexualité en France » (CSF, menée auprès de plus de 12 000 personnes), qui évaluait à 15 % des femmes et 27 % des hommes la proportion de personnes ayant déjà eu cours de leur vie deux relations sexuelles parallèles. Mais la question posée n’était pas la même, et cette dernière remonte à 2006.

Selon l’enquête de l’IFOP, 4 % des femmes trompaient leur conjoint au moment du sondage. Une proportion également en augmentation par rapport à l’enquête CSF (1,7 %). Les sondées sont quatre fois plus nombreuses (16 %) à avoir été infidèles au moins une fois à leur partenaire depuis le début de leur relation.

Les femmes « risquent davantage la stigmatisation »

« L’infidélité féminine progresse lentement, mais l’écart avec les hommes ne se réduit pas, analyse François Kraus, directeur des études au pôle politique de l’IFOP. Il est toujours très mal vu de ne pas respecter le contrat d’exclusivité sexuelle dans le couple, en particulier de la part des femmes, car le contrôle social sur leur comportement sexuel reste fort. Elles risquent davantage la stigmatisation. »

Malgré l’expansion très visible des sites de rencontres extraconjugales, la fidélité reste un ingrédient jugé indispensable à la réussite d’un couple. Autrefois exigée pour assurer une descendance légitime au conjoint, elle répond aujourd’hui davantage à un idéal de transparence et d’authenticité au sein des couples, qui se construisent, pour la plupart, autour du sentiment amoureux.

L’enquête de l’IFOP met en évidence certaines évolutions. Ainsi, plus le niveau d’études et la catégorie socioprofessionnelle sont élevés, plus les chances d’être infidèles sont grandes (40 % des diplômées du supérieur l’ont déjà été, contre 30 % de celles qui n’ont pas le bac). « Les femmes les plus autonomes sont celles qui trompent le plus, relève François Kraus. Elles sont mobiles, indépendantes financièrement. Une rupture aurait potentiellement moins d’impact sur le niveau de vie que pour les femmes des catégories populaires, qui dépendent davantage de leur conjoint. Le niveau d’infidélité peut être interprété comme un indicateur de la liberté des femmes dans un pays. »

Insatisfaction et craintes des conséquences

L’Institut de sondage publie par ailleurs une carte de France de l’infidélité, où la moitié sud affiche des taux nettement plus élevés que la moitié nord du pays (excepté la région parisienne).

L’insatisfaction sexuelle et amoureuse semble jouer un rôle important dans cette pratique : 33 % de celles qui ont déjà trompé leur partenaire actuel sont « peu ou pas du tout satisfaite de leur vie sentimentale », contre 10 % qui se disent « très satisfaites ». Mais ce comportement résulte d’une combinaison de facteurs. La première raison citée par les sondées pour justifier une possible infidélité est l’attraction physique et sexuelle pour une autre personne (62 %), puis l’existence de sentiments pour cette personne (55 %), avant le manque d’affection ou de tendresse du conjoint (50 %).

Si 27 % des femmes interrogées estiment qu’elles pourraient tromper leur partenaire si elles étaient certaines que personne ne soit au courant, une forte majorité continue à s’y refuser : ces dernières le justifient par leur satisfaction sentimentale (72 %) ou sexuelle (58 %), ou encore par l’idée « que l’on ne peut pas dissocier l’amour de la sexualité » (43 %). Mais la crainte des conséquences reste importante. Une forte proportion (58 %) redoute « les risques que ce genre d’expérience fait courir sur la vie de famille » et 43 % craignent que le partenaire ou l’entourage l’apprennent.