A Shenzhen (sud-est de la Chine), en 2013. | Bobby Yip / REUTERS

C’est un symbole du capitalisme « made in USA » qui va passer aux mains d’une entreprise d’Etat chinoise. Mc Donald’s, l’un des pionniers du fast-food occidental en Chine, vend 80 % de ses opérations dans le pays à un groupe d’investisseurs dominé par le conglomérat d’Etat Citic et le fond d’investissement américain Carlyle.

Confronté à une croissance molle, McDonald’s est engagé dans une réorganisation de ses activités mondiales. A terme, la chaîne américaine prévoit de franchiser 95 % de ses restaurants. Selon le contrat annoncé lundi 9 janvier par les trois entreprises, les partenaires vont créer une nouvelle entité qui fonctionnera comme telle. Citic en détiendra 52 %, Carlyle 28 % et McDonald’s 20 %. L’accord donne aux 2 640 restaurants de Chine et Hongkong une valeur d’environ 2 milliards de dollars (1,89 milliard d’euros).

Arrivé dans l’empire du Milieu en 1990, McDonald’s représentait l’ouverture du pays vers l’Occident. Pour beaucoup de jeunes Chinois, ses restaurants en self-service étaient des lieux offrant un anonymat bienvenu. Mais après un développement rapide jusqu’au milieu des années 2000, la chaîne américaine fait aujourd’hui face à une concurrence accrue en Chine, notamment de la part d’acteurs locaux de meilleur marché. McDonald’s semble aussi avoir perdu son aura de modernité à l’occidentale, récupérée par de florissantes chaînes de café.

Sentiment antiaméricain

En 2014, un scandale alimentaire n’a rien arrangé : l’un de ses fournisseurs de bœuf et de poulet vendait de la viande avariée. McDonald’s ne publie pas de résultats spécifiques pour la Chine, mais une étude de McKinsey & co auprès de 10 000 consommateurs chinois montre que 51 % d’entre eux avaient mangé dans un fast-food occidental en 2015 contre 67 % en 2012.

Lors d’une conférence de presse téléphonique fin octobre, le PDG de la chaîne a admis que les temps étaient durs. Steve Easterbrook a notamment cité l’accroissement du sentiment antiaméricain comme l’un des facteurs déterminants. En juillet, après un jugement d’une cour de justice dépendant de l’ONU déboutant les revendications territoriales chinoises en mer de Chine du Sud, des manifestants chinois s’en étaient pris à des restaurants McDonald’s et KFC.

Dans le communiqué annonçant l’accord avec Carlyle et Citic, qui devrait prendre effet d’ici six mois en fonction de l’approbation des autorités de régulation, le patron de McDonald’s se réjouit de cette nouvelle organisation, qui retire un poids des épaules de la marque : « Nous ne mettrons pas de capitaux dans le marché mais nous ferons parti du processus de décision. »

Grandes ambitions

En plus de supporter les investissements d’infrastructures, avoir comme partenaire local une entreprise d’Etat est souvent un atout en Chine, où l’économie reste contrôlée par les autorités. Le directeur exécutif de Citic Capital s’est d’ailleurs montré très ambitieux sur le développement du champion du burger en Chine. Alors que Mc Donald’s est actuellement la deuxième chaîne de restauration occidentale du pays derrière KFC et ses 5 000 restaurants, Yichen Zhang a estimé que cette place n’était « pas celle que [méritait] Mc Donald’s ».

Les nouveaux actionnaires prévoient d’ouvrir 1 500 nouvelles enseignes dans les cinq prochaines années en Chine et à Hongkong, principalement dans les villes chinoises de troisième ou quatrième niveau (ayant entre quelques centaines de milliers et quelques millions d’habitants).

Yum ! Brands, maison mère de KFC et Pizza Hut, a opéré une restructuration similaire en 2016 en créant Yum China pour mettre ses activités chinoises sous franchise.

D’après le Wall Street Journal, l’une des questions débattue entre McDonald’s et ses nouveaux partenaires est la manière de récupérer ses bénéfices en Chine. De nouvelles règles en vigueur pour lutter contre la fuite des capitaux stipulent que toute sortie de plus de 5 millions de dollars de Chine doit faire l’objet d’une demande auprès de l’administration.