François Fillon à Paris le 10 janvier. | THOMAS SAMSON / AFP

Il a suffi d’un mot de François Fillon. Un mot qui devait adoucir la « radicalité » - comme il le qualifie lui-même - de son projet social lors de sa rentrée politique, après les vacances de Noël. En affirmant qu’il était « chrétien » sur le plateau de TF1 le 3 janvier, le candidat de la droite faisait une fois de plus intervenir la question du religieux dans une campagne pour la présidentielle, où elle est décidément très présente. Un thème dont la récurrence dans le débat public est inédite, et sur lequel les autres politiques ont été amenés à se prononcer après la sortie de François Fillon.

Sur le plateau de « On n’est pas couché » samedi 7 janvier, Vincent Peillon a ainsi dénoncé « une atteinte à la laïcité sans précédent », lui qui fait campagne pour la primaire à gauche sur la défense de celle-ci. « Aujourd’hui il y a un grand déballage religieux partout, donc ça vaut pour tout le monde. Moi je veux qu’on arrête de mettre la religion, d’ailleurs la plupart des Français n’en veulent pas, au cœur de la vie politique », avait-il lancé quelques jours auparavant sur Radio classique.

« Un sentiment de malaise »

Lundi 9 janvier, Manuel Valls lui a emboîté le pas, assénant dans un entretien au Parisien/Aujourd’hui en France que « la religion relève de l’intime ». « Je respecte les convictions de chacun », a encore expliqué l’ancien premier ministre, candidat à la primaire à gauche, « mais je refuse d’avoir à juger de la pertinence d’un projet en fonction de sa religion. »

Marine Le Pen a, elle, jugé dans un entretien sur France 2 le 10 janvier, que le discours de François Fillon « créé un sentiment de malaise ». La candidate du Front national à l’élection présidentielle se présente elle aussi en défenseure de la laïcité, tout en lui reprochant « l’utilisation opportuniste de cette foi pour se défendre d’une critique politique ». « C’est profondément contraire à la laïcité, aux valeurs qui sont les nôtres », a-t-elle martelé. « Comment lutter contre le communautarisme, contre ceux qui veulent faire de la politique au nom d’une religion, par exemple l’islam, si M. Fillon utilise ce type d’arguments sur la Sécurité sociale ? », a encore interrogé Mme Le Pen.

« Je suis croyant »

Reste que dans leurs critiques des propos de M. Fillon, certains, tout en défendant le maintien des convictions religieuses dans la sphère privée, ont évoqué leur propre rapport à la foi. « Je suis croyant, je vais pas m’offusquer d’un mouvement de foi », a ainsi lancé François Bayrou le 4 janvier sur iTélé, avant de qualifier de « dérive » et d’« instrumentalisation politique » les déclarations de M. Fillon. « Ce mélange des genres est déplacé, et il est dangereux. (…) Je refuse d’avoir à juger de la pertinence d’une proposition en fonction de l’affichage religieux des uns ou des autres », a-t-il insisté dans Le Monde.

Le 10 janvier, sur le plateau de LCI, Arnaud Montebourg a lui livré son petit couplet sur la foi. « Dieu, je l’ai cherché longtemps, je n’en ai pas trouvé le secours malheureusement » a-t-il déclaré, avant d’affirmer que la religion « appartient à l’intimité de la personne quelle qu’elle soit ».

Après l’avoir à son tour accusé d’opportunisme, Nicolas Dupont-Aignan candidat souverainiste Debout la France à l’élection présidentielle, a lui, au contraire, adressé un procès en… bonne chrétienté. Il déclarait le 6 janvier sur BFMTV : « C’est un péché d’orgueil parce qu’utiliser sa foi à des fins politiciennes, je ne suis pas sûr que ce soit très chrétien. »