Photo non datée d’Alois Brunner. | STRINGER / AFP

La revue de grands reportages XXI révèle dans son dernier numéro paru mercredi 11 janvier que le nazi Alois Brunner, jugé responsable de l’assassinat de quelque 130 000 juifs d’Europe durant la seconde guerre mondiale, est mort dans un cachot à Damas en décembre 2001 à l’âge de 89 ans.

L’enquête est basée sur le récit de trois témoins, présentés comme d’anciens membres des services de sécurité syriens en charge de la protection de l’ancien nazi dont un, Abou Yaman, aujourd’hui réfugié en Jordanie, a accepté de s’exprimer sous son véritable nom.

Selon ces témoignages, l’ancien adjoint d’Adolf Eichmann et ancien responsable du camp de Drancy, a vécu les dernières années de sa vie enfermé dans un cachot au sous-sol d’une résidence habitée par des civils. A sa mort qui s’est produite en décembre 2001, dans des circonstances qui restent entourées de mystère, son corps, lavé selon le rite musulman, a été inhumé « en toute discrétion » au cimetière Al-Affif à Damas.

Conseiller d’Hafez El-Assad

Resté nazi jusqu’à son dernier souffle, Alois Brunner qui se faisait appeler Abou Hossein, a vécu ses dernières années de façon misérable. « Il était très fatigué, très malade. Il souffrait et criait beaucoup, tout le monde l’entendait », a raconté un des gardes. Pour manger, « il avait droit à une part de soldat, un truc infâme, un œuf ou une patate, l’un ou l’autre. (...) Il ne pouvait même pas se laver. »

Avant cette fin misérable, l’article rappelle les circonstances de la fuite d’Alois Brunner en Syrie, après la chute du Reich, et « le pacte formel » noué entre le nazi et l’Etat syrien naissant en 1966. Conseiller d’Hafez El-Assad, le père de l’actuel président syrien, Alois Brunner apporte son expertise pour la formation des services secrets du pays, ce que le clan Assad a toujours démenti.

L’ancien SS d’origine autrichienne, né en 1912, avait été donné pour mort en 1992, notamment par l’historien Serge Klarsfeld. Mais en décembre 2014, le centre Simon-Wiesenthal de Vienne avait affirmé que l’ex-nazi s’était éteint à Damas en 2010.

« Ce que raconte l’enquête de XXI est tout à fait vraisemblable. On voit qu’ils ont interrogé quelqu’un qui l’a connu de près », a estimé M. Klarsfeld qui regrette cependant que l’ancien SS n’ait pas pu être jugé autrement que par contumace à Paris, en mai 1954, puis de nouveau en mars 2001.