Donald Trump, le 28 octobre à Manchester (New Hampshire). | © Carlo Allegri / Reuters / REUTERS

Signe de son degré d’exaspération, le message publié mardi 10 janvier par le futur président des Etats-Unis Donald Trump sur son compte Twitter n’a comporté que des majuscules. « INFORMATIONS BIDON. VÉRITABLE CHASSE AUX SORCIÈRES POLITIQUE ! » Le magnat de l’immobilier a réagi à la publication par la presse américaine d’éléments non vérifiés selon lesquels les autorités russes disposeraient d’informations compromettantes le concernant.

Selon cette thèse, certaines informations jugées scabreuses, dans la plus pure tradition soviétique dite de kompromat (« document compromettant »), auraient été récoltées lors de déplacements en Russie du milliardaire. Des liens financiers auraient également été évoqués tout comme une coopération active entre le magnat de l’immobilier et les autorités russes. Ces publications sont intervenues à la veille de la conférence de presse que M. Trump devait tenir à New York mercredi.

Roman d’espionnage

Des rumeurs avaient incité l’ancien chef de la minorité démocrate au Sénat, Harry Reid, à demander au cours de l’été au directeur de la police fédérale, James Comey, l’ouverture d’une enquête. Sans succès. Elles ont pris au fil des dernières semaines une importance telle qu’une note de synthèse de deux pages – publiée initialement par CNN mardi, à partir d’un rapport non sourcé de trente-cinq pages, rendu public lui par le site BuzzFeed –, a été présentée à M. Trump par les responsables de la CIA, du FBI, de l’Agence nationale de sécurité américaine et de la direction nationale du renseignement, le 6 janvier, à l’occasion d’un briefing sur les actions engagées par les autorités russes pour interférer dans l’élection présidentielle. Le rapport expurgé des informations classifiées publiées le même jour ne faisait pas allusion à la note de synthèse.

L’origine et le cheminement de ce nouveau document, mentionné à mots couverts par certains sites au cours de l’automne, semblent presque relever du roman d’espionnage. Des adversaires politiques de M. Trump, initialement républicains, puis démocrates, seraient en effet à l’origine de cette collecte, pour laquelle ils auraient sollicité une officine américaine.

Cette dernière aurait obtenu les services d’un ancien membre du renseignement britannique considéré comme un informateur crédible par les services américains. L’importance des éléments accumulés, dont les sources sont restées anonymes, aurait incité ce dernier à prendre contact avec les autorités américaines. Le rapport serait également parvenu au président de la commission des forces armées du Sénat, John McCain. Ce dernier l’aurait remis au FBI en décembre, selon la presse américaine, alors que la police fédérale en avait déjà un exemplaire. Interrogé à propos de ce nouvel élément lors d’une audition au Congrès, mardi, M. Comey n’a fait aucun commentaire.