L’auteur de la tuerie d’Utoya, le Norvégien Anders Behring Breivik devant la cour d’appel de Skien en Norvège le 11 janvier. | LISE AASERUD / AFP

S’il dit avoir été « radical au départ », l’auteur de la tuerie qui a fait 77 morts en 2011, a déclaré, jeudi 12 janvier, être « devenu beaucoup plus radical » en raison de son isolement carcéral prolongé, un point central du procès qui oppose à l’Etat norvégien.

« Je suis devenu plus radical. J’étais radical au départ mais ces cinq dernières années, je suis devenu beaucoup plus radical », a affirmé l’extrémiste de droite norvégien Anders Behring Breivik, dans sa déposition au troisième jour de l’examen de l’appel de l’Etat, condamné l’an dernier pour violation des droits de l’homme en lien avec les conditions de détention de Breivik.

Le 22 juillet 2011, déguisé en policier, Breivik avait traqué pendant plus d’une heure les participants d’un camp d’été de la Jeunesse travailliste piégés sur l’île d’Utøya et abattu 69 d’entre eux, pour la plupart adolescents. Un peu plus tôt, il avait tué huit autres personnes en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo.

Condamné en août 2012 à une peine de vingt et un ans de prison susceptible d’être prolongée indéfiniment, il jouit de conditions matérielles confortables, disposant de trois cellules dotées de téléviseurs, de jeux vidéo et d’appareils de musculation.

« Je suis lourdement affecté par l’isolement »

La Norvège a pourtant été condamnée en avril 2016 pour traitement « inhumain » et « dégradant » en violation de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme. En cause : l’isolement prolongé de Breivik, incarcéré pour des raisons de sécurité à l’écart des autres prisonniers depuis cinq ans et demi.

Ce régime de détention rend le détenu « mentalement vulnérable », selon son représentant, Øystein Storrvik. « Je suis lourdement affecté par l’isolement et la radicalité est peut-être la séquelle la plus grave de mon isolement », a insisté Anders Behring Breivik, auteur des attaques les plus sanglantes perpétrées sur le sol norvégien depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

L’Etat, lui, conteste qu’il soit isolé, faisant valoir les multiples activités qui lui sont proposées, sa correspondance avec le monde extérieur et ses nombreuses interactions avec les surveillants, le personnel médical, des pasteurs, ses avocats ou encore un visiteur de prison.

Délocalisé pour des raisons de sécurité dans la prison de Skien où Breivik est incarcéré, le procès doit durer jusqu’au 18 janvier, avec un jugement attendu pour février.