Jacques Schaffnit, 54 ans, est à la tête de Radio Frequency Systems, une filiale d’Alcatel-Lucent. | JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

« Ce qui nous rassemble ? La défense des entreprises françaises. » Ils ne s’affichent pas encore en pleine lumière, mais certains figurent en bonne place dans les meetings d’Arnaud Montebourg. Une petite dizaine de patrons de PME-ETI tricolores a rejoint le « cercle des entrepreneurs », un think tank constitué en octobre pour alimenter le programme économique de l’ancien locataire de Bercy.

Leur chef de file s’appelle Jacques Schaffnit. A 54 ans, il est à la tête de Radio Frequency Systems (RFS), une filiale d’Alcatel-Lucent, après avoir dirigé le sidérurgiste tricolore Ascométal. Il a aussi été vice-président de l’équipementier automobile Valeo et avait débuté sa carrière chez Hutchinson, une filiale de Total. Le patron et le candidat à la primaire à gauche se sont connus lorsque ce dernier était ministre de l’économie : en mai 2014, Ascométal, en redressement judiciaire, avait été repris avec le soutien de l’Etat par un pool d’investisseurs européens – avant de connaître une réorganisation en profondeur et des suppressions de postes.

« Ce qui m’a plu, c’est la personnalité de M. Montebourg : il sait rassembler, il a une approche pragmatique des choses, bref les qualités d’un entrepreneur », dit M. Schaffnit. Il se revendique pourtant « apolitique » et insiste : « Nous sommes issus de sensibilités politiques différentes. Dans l’équipe, il y a même quelques fillonistes ! »

« Choix patriotiques »

Autour de lui, entre autres, Rémy Thannberger, ancien avocat qui a repris la société d’armement alsacienne Manurhin, François Moulias, patron de la chaîne de magasins de décoration Sia et ancien cogérant de Libération, ou Michel Piloquet, ami et trésorier de la campagne de M. Montebourg et président du promoteur immobilier Quanim. Mais aussi Jean-Marc Barki, membre du comité directeur de CroissancePlus et cofondateur de Sealock (colles industrielles), et le jeune Rami Zouaoui, membre de l’UDI, qui a fondé un réseau d’entrepreneurs (Linkstarters).

Cette équipe éclectique se réunit une à deux fois par semaine, avec l’objectif de soumettre au candidat des idées qui pourront être débattues « lors de la primaire et, nous l’espérons, pour l’élection présidentielle », indique M. Schaffnit. Les thèmes abordés ? L’accès au financement des PME, la compétitivité, les passerelles salariat-entrepreneuriat ou encore l’adaptation des outils numériques aux PME.

« Le tissu industriel français n’est pas suffisamment mis en avant. En Allemagne, le secteur privé fait plus naturellement des choix patriotiques : il m’est arrivé de me voir discrètement retirer un appel d’offres que j’avais gagné auprès d’un constructeur automobile allemand pour qu’il soit donné à une PME locale », raconte le chef d’entreprise.

Pas question, toutefois, de se voir réduits à des thèmes nationaux. « Nous travaillons dans le monde entier et ne voulons pas d’une France repliée sur elle-même. Nous sommes pour la mondialisation, mais pas telle qu’elle se fait aujourd’hui », martèle M. Schaffnit. Dans la droite ligne de son champion politique.