Jérémie Beyou lors du départ du Vendée Globe, le 6 novembre 2016. | LOÏC VENANCE / AFP

Après soixante-cinq jours de mer, Jérémie Beyou a franchi, mardi 10 janvier à 14 h 29, l’équateur en troisième position du Vendée Globe, la course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. Depuis le départ, le 6 novembre, le skippeur de Maître-Coq a subi plusieurs avaries. La panne irréparable de ses antennes Fleet reste la plus problématique, car le Finistérien ne peut plus récupérer autant d’informations météo qu’il souhaiterait et donc établir des stratégies à long terme.

Malgré cela, Jérémie Beyou reste aux avant-postes de la course, réussissant même à réduiire son retard sur les deux leaders. Au pointage, mercredi midi, Jérémie Beyou était à un peu plus de 700 milles nautiques (1 296,4 kilomètres) des leaders et avait repris de la vitesse. Il possède une avance confortable sur ses poursuivants et notamment Jean-Pierre Dick (Saint-Michel-Virbac), quatrième à plus de 500 milles (926 km) dans le tableau arrière de Maître-Coq.

Un peu avant le passage de l’équateur, le skippeur, englué dans le pot au noir (région de brumes opaques au niveau de l’équateur), a accepté de répondre au Monde.

Comment la course se déroule-t-elle ? Quel est votre état d’esprit ?

L’état d’esprit est bon. Je suis en troisième position malgré tout. Je me rapproche du but. C’est sûr que la course n’a pas été facile mais elle ne l’est pour personne. Jusqu’à présent j’ai réussi à m’accrocher, à réparer les différentes choses qui m’embêtaient ou sinon à passer outre. J’ai appris petit à petit à prendre beaucoup sur moi-même et à accepter de ne pas avoir un bateau à cent pour cent. Cela a été beaucoup d’efforts depuis le début et j’espère que cela sera récompensé par une place sur le podium, au moins la troisième. Pour l’instant, il faut déjà passer le pot au noir et je ne suis pas gâté là. Et après il faut arriver. Il reste encore du boulot.

Qu’ont changé vos problèmes d’électronique à votre navigation ?

C’est compliqué car ce sont des bateaux très complexes et qui ne fonctionnent qu’à l’électronique. Quand tout cela s’enraie, il y a des choses qu’on ne peut plus faire. Donc il faut accepter de naviguer en mode dégradé certaines fois. En termes de météo, c’est super handicapant. Là par exemple je suis dans le pot au noir et je suis incapable de dire quand je vais en sortir. C’est fatigant. Il y a deux choses que je ne souhaitais pas avoir : des problèmes de pilote automatique et de communications. C’est vraiment la plaie. Ça m’est arrivé, et honnêtement il ne faudra pas que cela m’arrive deux fois.

Et la fin de course ?

Là pour l’instant je ne l’envisage pas trop, je suis scotché dans le pot au noir. Des trombes d’eau me tombent sur la tête et je n’ai pas de vent. J’essaie de sortir de là. Et après on verra. Il n’y a pas trop à réfléchir.