La justice française a ordonné, jeudi 12 janvier, la remise en liberté de l’ancien chef rebelle kosovar Ramush Haradinaj, arrêté la semaine dernière à l’aéroport de Bâle-Mulhouse à la demande de la Serbie, tout en le plaçant sous contrôle judiciaire pour qu’il reste en France en attendant la suite de la procédure.

M. Haradinaj, qui fut également premier ministre du Kosovo en 2004-2005, devra déposer son passeport auprès de la police française et répondre à une future convocation de la justice, lorsque la demande d’extradition formulée par la Serbie sera examinée sur le fond, a annoncé la cour d’appel de Colmar.

Cette remise en liberté, après une semaine en détention, est « une première étape » pour l’ancien chef rebelle, âgé de 48 ans, a commenté son avocate, Me Rachel Lindon. « La suite sera évidemment l’annulation de la notice Interpol qui n’a pas lieu d’être, et de la demande d’extradition qui doit être refusée », a-t-elle ajouté.

« Tortures et viols »

« Ces accusations qui viennent de la Serbie sont purement politiques », a déclaré d’une voix calme l’ancien premier ministre kosovar, devant les magistrats. « Ce que vous faites ici est un abus de droit », a par ailleurs affirmé M. Haradinaj, qui s’exprimait en français.

A l’audience, la présidente de la chambre d’instruction a précisé que, selon les informations communiquées à Interpol, la Serbie reproche à M. Haradinaj d’avoir en 1999, au Kosovo, ordonné la « détention illicite de civils », lesquels ont « subi des tortures, traitements inhumains et viols ». « Certains ont été tués, parfois des mains même de M. Haradinaj », selon les accusations de Belgrade.