Arnaud Montebourg, Jean-Luc Bennahmias, François de Rugy, Benoît Hamon, Vincent Peillon Manuel Valls et Sylvia Pinel participent au premier des trois débats télévisés à dix jours du premier tour de la primaire de la gauche. À Saint-Denis, jeudi 12 janvier 2017 (Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde). | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE"

Avec sept candidats, difficile d’éviter un débat qui ne vire pas à l’énumération du catalogue de mesures. Jean-Luc Bennahmias, François de Rugy, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Sylvia Pinel et Manuel Valls, tous candidats à la primaire à gauche, se sont retrouvés pour une première confrontation télévisée jeudi 13 janvier sur TF1 et RTL.

Chacun a été interrogé sur ses propositions concernant les mesures économiques et sociales, et en particulier la lutte contre le chômage, le terrorisme, les inégalités ou encore la réforme des institutions.

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En creux, se sont dessinés des points communs, des différences mais aussi des lignes de fractures entre plusieurs camps de candidats. Voici ce que l’on peut en retenir.

  • Des différences… sur le revenu universel

Le principal point de désaccord entre les candidats de la primaire à gauche a porté sur le revenu universel. Une proposition phare du programme de Benoît Hamon, que les autres candidats désapprouvent, à l’exception de Jean-Luc Bennahmias. Ce dernier précise qu’elle est destinée à l’ensemble de la société : « C’est une aide à l’entrepreneuriat, aux moins de trente ans. (…) Ceux qui ont de gros revenus, comme Mme Bettancourt, le rembourseront dix fois en impôt. »

Pour Vincent Peillon, il s’agit en revanche d’une idée qui « philosophiquement pose un gros problème ». Il rappelle que la solidarité a été basée « pendant des siècles, sur l’idée que ceux qui ont le plus donnent à ceux qui ont le moins ». « Je veux une société du travail », martèle Manuel Valls, tandis que François de Rugy refuse « un revenu de base pour solde de tout compte » de la lutte contre le chômage.

« Quand Michel Rocard a mis en place le RMI, quand Martine Aubry a mis en place la CMU, on entendait les mêmes arguments (…) on a parlé d’une société qui encouragerait l’assistanat, la paresse », leur répond Benoît Hamon. Ces dernières semaines, ses adversaires ont durci les attaques contre M. Hamon, révélation de cette campagne qui a réussi à imposer le revenu universel dans le débat.

  • Des points communs et des adversaires définis

Ce premier débat a également montré les points communs entre les candidats, à commencer par les questions d’éducation. Tous ou presque ont estimé que celle-ci était « la priorité des priorités » pour reprendre les mots de Benoît Hamon, et ont plaidé à l’unisson pour une amélioration de la mixité à l’école. Autre point d’accord saillant, sur les questions régaliennes cette fois : les « exécutions ciblées » de terroristes, que François Hollande a reconnu avoir autorisées, ne sont un problème pour aucun des candidats. « S’il faut prendre ce genre de responsabilité, j’y suis prêt », a notamment lancé Arnaud Montebourg.

Toujours sur ces thèmes régaliens, les candidats s’entendent sur la nécessité d’augmenter les moyens des forces de l’ordre. En revanche, tous ne sont pas d’accord sur la prolongation de l’état d’urgence défendu par Manuel Valls. Benoît Hamon considère « qu’au regard des instruments de nos services de renseignement et de police, nous pouvons nous [protéger] sans l’état d’urgence » tandis qu’Arnaud Montebourg veut « proposer comme remplacement de l’état d’urgence la naissance d’un parquet national antiterroriste ». Une proposition déjà défendue par plusieurs candidats lors de la primaire de la droite.

Enfin, les candidats ont les mêmes adversaires politiques : Marine Le Pen pour le Front national et François Fillon pour Les Républicains. Ce dernier a été particulièrement la cible des critiques jeudi soir. « Aucun de nous n’acceptera jamais que les Français soient soignés en fonction de leur capacité contributive : “tu es riche, tu es bien soigné, tu es pauvre, tu ne l’es pas” », a ainsi lancé Vincent Peillon. « Il n’y a pas de débat entre nous sur la Sécurité sociale ou sur la santé parce que nous sommes tous attachés à ce pilier fondamental de la République », a renchéri Manuel Valls.

  • Des camps

A travers leurs réponses, les différents candidats ont en creux dessiné des camps idéologiques, qui ont été révélés dès la première question des journalistes. Chacun devait trouver un mot pour qualifier le quinquennat de François Hollande. Il a été « inachevé » pour Benoît Hamon, l’objet d’une « profonde incompréhension » pour Vincent Peillon et est « difficile à défendre » pour Arnaud Montebourg.

Mais pour François de Rugy du Parti écologiste, le bilan n’est que « contrasté » tandis que Sylvia Pinel parle de « bilan qu’il convient de porter ». Une satisfaction qui a fait écho à la « fierté » de Manuel Valls. M. de Rugy et Mme Pinel se sont ainsi révélés être les meilleurs alliés de l’ancien premier ministre sur l’un des dossiers les plus difficiles à défendre pour lui : la loi travail. Pour Sylvia Pinel « cette loi a été soutenue par certains syndicats réformistes : le compte pénibilité, le compte personnel d’activité et le droit à la déconnexion sont de bonnes mesures. » François de Rugy a, lui, affirmé qu’il aurait voté la loi s’il y avait eu un vote à l’Assemblée.

  • Des tacles

En dehors de Benoît Hamon, attaqué sur son programme concernant le revenu universel, certains candidats ont révélé les cibles de leurs critiques. En la matière, Vincent Peillon a été particulièrement cinglant à l’égard de Manuel Valls, critiquant « une culture du coup de force et du 49-3 » et affirmant qu’il n’est « pas la gauche sectaire ni brutale ». Il s’en est également pris, sans le nommer, à son successeur au ministère de l’éducation nationale, Benoît Hamon, lui reprochant l’abandon de la mise en place des ABCD de l’égalité, qui devaient promouvoir l’égalité des sexes à l’école, tout en éludant le fait qu’il était lui-même sorti du gouvernement après sa gestion maladroite de la mise en place de la réforme des rythmes scolaires.

Autre passe d’armes : celle qui a opposé Manuel Valls et Benoît Hamon sur la déchéance de nationalité, le « seul regret » de François Hollande. Invité à s’expliquer sur cette mesure qui a déchiré la gauche après les attentats du 13-Novembre, l’ancien premier ministre a tenté de jouer une carte sur laquelle il compte pour gagner : sa gestion de la France face aux attentats. « Cette loi, qui elle visait ? Elle ne visait pas les enfants de la République en fonction de leurs origines. Elle visait les terroristes en premier lieu, ceux qui s’en prenaient à leurs propres compatriotes », a-t-il argumenté avant d’ajouter qu’il était « Charlie ».

« Moi aussi, comme nous tous, je suis Charlie et beaucoup de ceux qui auraient été concernés directement par la déchéance de nationalité, étaient Charlie », a rétorqué M. Hamon, opposant farouche au projet. « Ce qu’ils n’ont pas accepté, c’est que puisse être inscrit le principe d’une inégalité dans la Constitution entre citoyens. »

  • Une citation

« Tout n’est pas sur Internet. »

C’est ce qu’a affirmé Jean-Luc Bennahmias lorsque, interrogé par Gilles Bouleau sur ses propositions en matière de lutte contre les inégalités, le présentateur a précisé : « Vous n’êtes pas très prolixe dans votre programme sur la lutte contre les ghettos. »

Après avoir été plusieurs fois « coincé » par les journalistes, le candidat du Parti écologiste a lâché cette phrase, qui n’a pas manqué de faire réagir les réseaux sociaux. Ces derniers ont, involontairement, pointé les divergences entre son discours et son programme en ligne. Au début du débat, le candidat du parti écologiste a semblé découvrir sa proposition de constituer un corps de vigiles privés. Proposition qui figure pourtant bien sur son site internet.

  • Une bourde

Evoquant « l’origine musulmane » de l’une des victimes de Mohamed Merah, Vincent Peillon a commis une bourde que n’ont pas manqué de souligner les commentateurs :