Patrick Stefanini, entouré de membres de l’équipe de François Fillon, le 13 janvier, au quartier général du candidat. | CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Il vaut mieux avoir un sacré sens de l’orientation politique ou un diplôme en orfèvrerie pour se retrouver dans l’équipe de campagne de François Fillon. Au fur et à mesure des annonces et des nominations, le candidat à la présidentielle issu de la primaire de la droite a bâti une usine à gaz. En jonglant entre les multiples organigrammes, on retrouve des responsables thématiques issus de la société civile, une cellule riposte, un comité stratégique, des pôles thématiques, des acteurs du redressement…

L’équipe est tellement imposante que son annonce a été faite en deux fois. Le 15 décembre, Patrick Stefanini, directeur de campagne avait révélé le premier pan de cette organisation. Un peu plus de deux semaines après sa victoire à la primaire, François Fillon avait alors opéré une synthèse entre les différentes écuries en répartissant tous les chapeaux à plumes de la droite. Une façon de contenter les ego de tout le monde - donc de ne pas se faire d’ennemis.

En réalité, la campagne sera menée par une vingtaine de proches de l’ancien premier ministre. Entre les porte-parole (Thierry Solère ou Benoist Apparu), les pôles élus ou animation, les conseillers politiques et l’immense comité stratégique, on comptait déjà près d’une centaine de personnes. Ce jour-là, un frisson avait parcouru l’assistance quand M. Stéfanini avait annoncé une nouvelle salve de nominations.

Séance de rattrapage pour certains élus

Les méninges des architectes de la maison Fillon ont donc tourné à plein régime pendant les fêtes de fin d’année. Vendredi 13 janvier, le directeur de campagne et Thierry Solère sont venus annoncer la suite. Une bonne occasion de réintégrer ceux qui avaient été négligés dans un premier temps.

L’ancien premier ministre a créé un pôle dédié aux questions de sécurité où l’on retrouve le sarkozyste Frédéric Péchenard, ancien directeur général du parti Les Républicains (LR), évincé après la victoire de M. Fillon. La façon dont il avait été écarté n’avait pas beaucoup plu aux sarkozystes. Le député de Paris, Pierre Lellouche, ancien filloniste qui avait rejoint Nicolas Sarkozy, est aussi intégré à l’équipe puisqu’il est chargé du dossier « Amérique » sous la responsabilité de Bruno Le Maire, responsable d’un pôle dédié aux questions internationales.

Société civile

En tout, c’est ainsi quarante pôles thématiques qui ont été créés pour « renforcer » le projet. Même si M. Fillon a répété à plusieurs reprises que son programme de la primaire serait celui de la présidentielle, il se réserve le droit d’ajouter des mesures. « Il y a des thèmes à approfondir même si 80 à 90 % du projet est déjà arrêté », a ainsi expliqué François Bouvard, chargé de coordonner ce réseau de politiques, de membres de la société civile et de cinq cents experts. Le candidat pourrait dévoiler une partie de ses nouvelles idées lors d’un meeting à Paris, le 29 janvier.

A côté de cette myriade de pôles thématiques, M. Fillon a ajouté à son organigramme un Conseil national de la société civile. L’ancien premier ministre est très fier de cette initiative de son conseiller politique, Jérôme Chartier. Il veut même en faire un marqueur de son éventuel quinquennat puisqu’il a annoncé que la moitié de ses ministres viendraient de la société civile. Ces personnalités doivent participer aux pôles thématiques et mobiliser des acteurs catégoriels précis dans la société.

Gouvernement resserré

Maud Fontenoy sera ainsi en charge des « acteurs de l’environnement et la mer », le champion olympique d’équitation Pierre Durand s’occupera des sportifs ou encore Madeleine de Jessey, figure de la Manif pour tous, devra aller convaincre la « France périphérique ». On compte ainsi plus d’une vingtaine de catégories de ce type comme les « artisans avec Fillon », les « Familles avec Fillon », la « France plurielle avec Fillon », « la France solidaire avec Fillon », « la Mid génération avec Fillon ».

Difficile de faire le décompte exact de l’ensemble des personnes citées dans les organigrammes. Lors de la campagne de la primaire, François Fillon avait promis de faire un gouvernement resserré s’il est élu à l’Elysée. Au vu de l’équipe, il y aura beaucoup de déçus…