Benoît Hamon, le 14 janvier à la convention nationale des jeunes socilistes. | BERTRAND GUAY / AFP

« On fait de drôles d’exercices cette semaine : un débat à sept, corseté mais passionnant, et désormais une carte blanche devant vous après deux questions. » Manuel Valls est légèrement décontenancé par le format proposé samedi 14 janvier à la Bellevilloise dans le 20e arrondissement de Paris. Pour sa convention nationale, le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) a accueilli les candidats à la primaire à gauche. Hormis Sylvia Pinel qui a décliné l’invitation, ils se sont tous relayés à l’estrade, partageant leur projet pour la jeunesse, devant près de 300 militants.

A la veille du deuxième débat de la primaire, l’accent a surtout été mis sur les points de convergence entre les candidats. Manuel Valls, premier à prendre la parole, a ainsi pu éviter les questions autour de la loi travail, contre laquelle le MJS s’était mobilisé il y a un an. « Nous avons choisi des sujets qui nous rassemblent. C’est par exemple le cas de l’éducation. Le but est de faire connaître le programme des candidats. Je ne suis pas Gilles Bouleau [l’un des trois journalistes menant le premier débat jeudi soir sur TF1], je ne vais pas chercher la petite bête », justifie Benjamin Lucas, le président du MJS.

Rassembler, car les jeunes socialistes en sont conscients, le parti sort considérablement divisé du quinquennat de François Hollande. « Même si cela a toujours existé au sein du PS, on sent vraiment deux lignes, une plutôt sociale libérale et une plus proche de Mélenchon », analyse Alice Renault qui soutient Arnaud Montebourg.

Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web

Le revenu universel en débat

Le MJS, qui n’est pas directement rattaché au Parti socialiste, est traditionnellement plus marqué à gauche. Benoît Hamon, ancien président du mouvement entre 1993 et 1995, y compte d’ailleurs de nombreux soutiens. Avec Jean-Luc Bennahmias qui a fait le show, il a été le candidat le plus acclamé par les jeunes socialistes. « Hamon reprend des propositions sur lesquelles on a déjà travaillé au sein du MJS dans le passé », explique Clémence Maulat ancienne animatrice fédérale du Bas-Rhin, qui fait campagne pour le candidat breton.

L’idée d’instaurer un revenu universel intéresse les membres du MJS, qui ont longtemps réclamé une allocation d’autonomie pour les jeunes. Si tous ne sont pas convaincus de la faisabilité d’une telle mesure, elle a le mérite pour les militants de provoquer de nouveaux débats. « Au-delà des cinq prochaines années, Benoît Hamon propose une véritable vision d’avenir », note Pierre Carl, venu d’Isère pour l’événement. « Aujourd’hui encore, on peut dire que le PS est le parti qui propose les idées novatrices », poursuit Clémence Maulat.

Arnaud Montebourg, le 114 janvier à la Bellevilloise. | BERTRAND GUAY / AFP

Autre candidat particulièrement applaudi, Arnaud Montebourg a insisté sur son idée de VIe République et sur le protectionnisme européen qu’il veut mettre en place. Il a aussi tendu la main à Benoît Hamon, avec qui il estime pouvoir trouver des points d’accord sur les questions d’éducation. Vincent Peillon s’est aussi longuement attardé sur ce dernier sujet, défendant son bilan Rue de Grenelle et annonçant sa volonté de réformer le lycée.

« Avec trois candidatures, on court à la défaite »

A l’inverse, Manuel Valls, sans être chahuté, a reçu un accueil plus froid que les autres candidats. Beaucoup lui reprochent son bilan de premier ministre. « Manuel Valls a trahi certaines valeurs de la gauche en voulant mettre en place la déchéance de nationalité ou en utilisant le 49.3 », reproche Najib Bayoumi, militant à Amiens depuis deux ans et soutien de Benoît Hamon.

Au-delà des clivages, tous s’accordent à reconnaître que l’élection présidentielle sera difficilement gagnable. En cause notamment, la concurrence de Jean-Luc Mélenchon et d’Emmanuel Macron. Parmi le MJS, un des membres du bureau national a d’ailleurs rejoint l’ancien ministre de l’économie. Pour Benjamin Lucas, la victoire passera par l’union. « Après la primaire, il faudra engager les discussions avec les autres partis de gauche. Avec trois candidatures, on court à la défaite. Le nombre de votants à la primaire, que je prédis important, donnera une légitimité au candidat vainqueur. » En 2012, François Hollande s’était posé en candidat de la jeunesse ; cinq ans après, le poids de celle-ci sera déterminant dans le choix du candidat socialiste.