L’Egyptien Ahmed El Ahmar vole vers le but qatari, le 13 janvier à Paris. | THOMAS SAMSON / AFP

Il y avait beaucoup de vent, vendredi 13 janvier à Paris. Il y avait également quelques courants d’air dans l’enceinte aux trois quarts vide de l’AccorHotel Arena (ex-palais omnisports de Paris-Bercy) pour le premier match du groupe D, entre le Qatar et l’Egypte. Un tour de chauffe remporté, de manière surprenante mais totalement méritée, par les champions d’Afrique (22-20), qui ont fait mordre la poussière aux champions d’Asie et vice-champions du monde dès leur entrée en lice.

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Au terme d’une partie dominée quasi de bout en bout, grâce notamment à leur star, Ahmed El Ahmar (8 buts), et à leur gardien, Karim Hendawy (48 % de réussite face aux tirs adverses), les Egyptiens se sont rappelés au bon souvenir du public parisien, puisqu’ils étaient devenus lors du Mondial 2001, disputé dans l’Hexagone, la première équipe non européenne à atteindre le dernier carré du tournoi. Une date à laquelle de nombreux spectateurs présents en ce vendredi 13 n’étaient pas nés…

« Il n’y a pas de crainte que ça sonne creux quelque part », expliquait le président de la Fédération française de handball, Joël Delplanque, jeudi au quotidien L’Equipe. Il a été sauvé, lors de ce premier match parisien disputé en condition normale, c’est-à-dire sans l’équipe de France, par une horde de gamins en folie. Sur les 4 315 spectateurs recensés dans une Arena qui peut en accueillir près de quatre fois plus, la très grande majorité ne l’avait pas.

Ecoliers, collégiens ou lycéens, invités par la Fédération ou par le biais de l’Union sportive de l’enseignement du premier degré (USEP), la jeunesse a donné de la voix. Gageons, par exemple, que les CM1 et CE2 de l’école du Docteur-Roux, à Reims, ont bien dormi dans le car du retour, après avoir passé tout le match à hurler, tantôt le nom d’une équipe, tantôt l’autre, et parfois rien d’autre qu’un cri strident et heureux, pimenté de quelques coups de tap tap, un bâton à bruit gonflable, distribué gratuitement aux enthousiastes souhaitant montrer qu’ils le sont.

« C’est juste un match de hand »

« L’ambiance ?… Bah elle est super. Même si c’est compliqué de jouer devant une salle presque vide. Mais le public français est peut-être le meilleur du monde », admettait d’ailleurs Bertrand Roiné, champion du monde 2011 avec les Bleus, vice-champion du monde avec les Qataris en 2015, et qui est probablement devenu le seul joueur à disputer deux Mondiaux de suite à domicile, après celui dans l’Emirat il y a deux ans.

Un Roiné qui aura été à l’image de son équipe, en échec. Alors que les Egyptiens peuvent désormais croire à une qualification pour les huitièmes, les Qataris n’ont plus le droit à l’erreur dans ce groupe D, où le Danemark et la Suède se sont lancés avec succès contre l’Argentine et Bahreïn. Convoqués par leur entraîneur espagnol, le bouillant Valero Rivera, immédiatement à l’issue du match, les Qataris ne sont ressortis du vestiaire qu’une quinzaine de minutes plus tard, tête basse et regards sombres, comme des enfants grondés. « Le coach nous a dit qu’on avait joué avec trop de pression. C’est juste un match de hand, il ne faut pas jouer notre vie à chaque tir. Et il reste quatre matchs. On voulait trop montrer notre niveau, prouver qu’on est là… », expliquait Bertrand Roiné, un des seuls à s’arrêter devant la presse pendant cette walk of shame (« marche de la honte »).

Si ce n’est pas ce match qui aidera les organisateurs à atteindre leur objectif du demi-million de spectateurs (sur les 656 000 possibles sur l’ensemble du tournoi), son ambiance de cour de récré a montré que le souhait de la fédération de faire découvrir le handball à tous prenait corps. Et qu’une vocation pouvait naître devant un Qatar-Egypte du premier tour. Même si à la sortie, tout en remettant leurs bonnets, certains s’interrogaient encore : « T’es sûr qu’on dit handball et pas handbôll ? »