• Klaus Huber
    Œuvres pour flûtes
    Caroline Delume (théorbe), Magid El-Bushra (contre-ténor), Jean-Luc Menet (flûtes), ensemble Alternance.

Pochette de l'album consacré à Klaus Huber par Jean-Luc Menet. | STRADIVARIUS

Chaque œuvre de Klaus Huber ouvre sur un dédale de références (multiples versions d’une même pièce, elle-même inspirée de telle ou telle partition du passé) qu’il convient d’oublier pour ne pas rater le train de l’écoute. Peu importe la nature des sources, la musique de ce créateur énigmatique fait toujours preuve d’inspiration. Par exemple, dans Intarsimile, solo pour flûte alto dérivé, après moult méandres, d’un concerto pour piano de Mozart. Interprète acquis à la cause du créateur helvétique, Jean-Luc Menet a intégré à cet ensemble austère de savoureuses interventions du compositeur promu récitant. Notamment pour Askese (« Ascèse ») de Günter Grass : tout un programme qui commence par « Le chat dit »… Pierre Gervasoni

1 CD Stradivarius.

  • HEINRICH SCHÜTZ
    Schütz and His Legacy
    Œuvres de Schütz, Pohle, Theile, Weckmann, Bernhard, Schop, Verdanck, Striggio, Albrici. Alice Foccroulle (soprano), Ensemble InAlto, Lambert Colson (direction).

Dans un monde discographique en mal d’invention, volontiers aseptisé ou soucieux de marketing, ce disque a de quoi surprendre, qui s’attache à la figure estampillée rigoriste du « père de la musique allemande », Heinrich Schütz (1585-1672), et de sa foisonnante mais ignorée descendance stylistique – une armada de compositeurs tous plus confidentiels les uns que les autres, fors les spécialistes. C’est à la soprano Alice Foccroulle, fille de l’organiste et directeur d’institutions lyriques, Bernard Foccroulle, et à son compagnon, le cornettiste à bouquin Lambert Colson, à la tête de son ensemble InAlto, que l’on doit ce saisissant plaidoyer, entre motets et sonates, dont la puissante expressivité, puisée au creux des notes et des textes, charme et émeut. Schütz y gagne un sauf-conduit pour une musique pétrie de théâtre et d’humanité ; ses héritiers, un coup de projecteur dont l’aveuglante lumière n’est pas près de s’éteindre. Marie-Aude Roux

1 CD Passacaille.

  • LITTLE SIMZ
    Stillness in Wonderland

Pochette de l’album Little Simz, Stillness in Wonderland

A 22 ans, l’anglaise Little Simz est certainement une des rappeuses les plus talentueuses de sa génération, jouant à armes égales avec ses collègues masculins. Elle tire une grande fierté d’enregistrer ses disques sur un label indépendant, et de n’avoir jamais succombé aux sirènes de l’industrie du disque, acceptant poliment les compliments de ses aînés Kendrick Lamar et consorts mais ne se laissant pas étourdir pas les flatteries. Pour son deuxième album studio, elle ralentit pourtant le tempo, met un peu de douceur dans son flow frénétique qui fait le bonheur des spectateurs dans ses concerts. Elle invite le chanteur de reggae, Chronixx, l’Allemande Bibi Bourelly, fait régulièrement intervenir un saxophone jazz sur ses morceaux, notamment sur No More Wonderland. Il faut attendre Shogun pour retrouver son phrasé si « British » qui fait tout son charme, et encore, elle adoucit aussi le tempo avec la chanteuse Syd. Au final, Stillness in Wonderland, malgré des qualités de production certaines, laisse un peu sur sa faim, et manque sérieusement de nerfs. Stéphanie Binet

1CD Warp.

  • The Flaming Lips
    Oczy Mlody

Pochette de l’album « Oczy Mlody », de The Flaming Lips. | BELLA UNION

Ces dernières années, le groupe The Flaming Lips, souvent considéré comme le parrain du renouveau psychédélique dans le rock et la pop, avait multiplié les expériences musicales avec des enregistrements mis en vente avec des objets (crâne, jouet, fétus en plastique…), des collaborations avec divers musiciens, des reprises de disques d’autres groupes (Pink Floyd, Stone Roses, Beatles…), la diffusion sur un site dédié d’une longue composition d’une durée de vingt-quatre heures, ramenée à cinquante minutes pour une publication en CD. Et parfois, plus classiquement, un album venait compléter cette offre, tel The Terror, en 2013, sombre et complexe. Et voici Oczy Mlody, recueil de douze chansons, assez courtes, dans un traitement plutôt minimaliste, surtout dans sa première partie. On y retrouve des élans orchestraux ici et là et les développements mélodiques évocateurs de chansons de leur passé (Sunrise, The Castle ou Almost Home par exemple), une manière de fragilité étrange. Plaisant, plutôt apaisé dans son ensemble. Sylvain Siclier

1 CD Bella Union.