Dans son réquisitoire, le 6 décembre, la procureure avait insisté sur la « dangerosité manifeste » de cet homme de 31 ans, demandant dix ans de prison contre cet ex-soldat aux « convictions radicales » profondément ancrées, le seul des trois hommes à comparaître détenu. | IAN LANGSDON / AFP

Un ancien militaire parti faire le djihad en Syrie a été condamné lundi 16 janvier à huit ans de prison assortis d’une peine de sûreté des deux tiers par le tribunal correctionnel de Paris, qui a aussi infligé des peines de quatre et six ans à ses deux coprévenus.

La condamnation de Mehdi Kamallah tient compte de « la longueur de (sa) présence sur zone », « du fait qu(’il a) de toute évidence porté des armes » et de son « retour clandestin » après avoir été blessé, avait déclaré à l’audience le président de la 16e chambre correctionnelle.

Dans l’armée de terre depuis 2005, Mehdi Kamallah avait été formé au maniement du lance-roquettes, et était parti trois fois en opération militaire extérieure, au Tchad, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Selon le Parisien et le site Les Jours, il a déserté en 2010, et a entamé son voyage en Syrie au cours de l’été 2013, avant de revenir en France au début de 2014. Il n’a cependant été interpellé qu’en avril 2015, puis placé en détention provisoire jusqu’à son procès.

Dans son réquisitoire, le 6 décembre, la procureure avait insisté sur la « dangerosité manifeste » de cet homme de 31 ans, demandant dix ans de prison à l’encontre de l’ex-soldat aux « convictions radicales » profondément ancrées, le seul des trois hommes à comparaître détenu.

Deux autres hommes condamnés

A l’audience, les trois hommes, tous trois originaires de la région de Roubaix (Nord), avaient tenté de convaincre le tribunal qu’ils ne formaient pas un groupe, mais plutôt une « bande de copains » et que leur départ en Syrie, à tour de rôle, n’était pas concerté. Les deux prévenus qui comparaissaient avec Mehdi Kamallah étaient, selon Les Jours, partis en Syrie en même temps ou peu après ce dernier.

Pierre Tricot, âgé de 26 ans, converti à l’islam à l’âge de 13 ans, a été condamné à six ans de prison, le tribunal retenant contre lui son « appartenance à un groupe terroriste » et « la longueur de (son) séjour sur zone », mais tenant compte aussi d’« une apparente volonté de se réinsérer ». Le parquet avait requis cinq ans.

Le troisième, Mohamed Bourras, 29 ans, crâne rasé et barbe fournie, s’est vu infliger une peine de quatre ans de prison, moindre que les sept ans requis, le tribunal ayant tenu compte du fait que, contrairement aux deux autres, il « n’avait pas attendu d’être blessé pour rentrer en France » et n’avait « pas participé aux combats ».

Un mandat de dépôt a été demandé à l’audience contre Pierre Tricot et Mohamed Bourras.
Les trois hommes risquaient jusqu’à dix ans de prison pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », ces combattants ayant passé quelques semaines ou mois en Irak et en Syrie. Les autorités estiment à environ sept cents le nombre de Français actuellement dans cette zone.