D’abord considérée par certains comme une utopie, l’instauration d’une somme allouée mensuellement à tous les citoyens a fait consensus dans la primaire écologiste. Et le sujet apparaît maintenant comme l’une des grandes lignes de fracture entre les candidats de la primaire à gauche. Sarah Belouezzane, journaliste au Monde chargée du suivi du domaine social a répondu aux questions des internautes sur le revenu universel de base.

Viviana 64 : Si je m’arrête de travailler pour bénéficier du revenu universel, ai-je le droit au revenu universel ? Y a-t-il un plafond des revenus par foyer ? Est-ce que les travailleurs auront le revenu universel en plus de leur salaire ?

Selon le principe défendu par Benoît Hamon, à terme, chacun aura droit au revenu universel indépendamment de son revenu. Vous pourriez donc en effet bénéficier. Les travailleurs pourront, en outre, cumuler leur salaire avec le revenu universel.

Alex : Le revenu universel a-t-il vocation à remplacer l’allocation-chômage, l’assurance-maladie et les aides familiales, rendant ainsi son financement bien plus évident ?

Cela dépend du projet, et ce n’est pas le cas pour celui défendu par M. Hamon.

Hervé : Le revenu universel ne permet-il pas aussi de rééquilibrer le rapport de force entre les employés et les employeurs ?

C’est l’idée en effet de Benoît Hamon. Le député des Yvelines indique vouloir faire en sorte que les travailleurs aient plus de latitude vis-à-vis de leurs patrons et puissent se sentir libres de se mettre à temps partiel ou de refuser certaines contraintes.

Anne-Marie Sardu : Le revenu universel peut-il réduire le chômage ?

C’est difficile à dire. Pour autant, les tenants du revenu universel sont persuadés qu’en le mettant en place, les travailleurs se sentiront plus libres d’entreprendre ou encore de se mettre en temps partiel, ce qui pourrait, selon eux, permettre de partager le travail et donc de créer des postes.

Romain : Est-ce qu’il est prévu que ce mécanisme de revenu universel remplace les allocations-chômage ?

Dans la version de M. Hamon non. L’idée est que ce revenu s’ajoute au salaire ou à l’allocation. Certains penseurs libéraux prônent en, revanche, un revenu universel qui serait une fusion de toutes les aides et qui remplacerait celles-ci.

Romain : Est-ce qu’il est prévu de coupler la création de ce revenu universel avec la suppression du SMIC ou toute autre forme de plancher salarial ?

A priori non, pas dans la version de M. Hamon.

Math : Quel est l’intérêt de verser le revenu universel aux très hauts revenus et de le récupérer ensuite sous forme d’impôt ?

Les équipes de M. Hamon expliquent qu’en incluant tout le monde dans le dispositif, elles créent une dynamique solidaire. Tous cotisent, donc tous y ont droit.

Jean-Laurent : Bonjour, j’ai cru comprendre que M. Hamon voulait installer le revenu universel dans le but de préparer la transition numérique (ce qui amènera les ouvriers à travailler moins). Mais la robotisation ne touchant pas encore tous les secteurs, le revenu universel n’est-il pas trop ambitieux pour le moment ?

L’idée de M. Hamon est en effet de pallier la raréfaction du travail qu’il juge inévitable à cause de la révolution numérique. Mais beaucoup d’économistes estiment que c’est en effet prématuré : une étude du conseil d’orientation pour l’emploi montre que moins de 10 % des postes sont menacés par l’automatisation.

Clément : Le revenu universel ne créerait-il pas une inflation sans précédent ? les prix s’adapteraient rapidement à cette hausse du pouvoir d’achat ?

Certains économistes le craignent en effet. Mais une telle mesure ne serait, a priori, pas mise en œuvre sans des mécanismes de régulation permettant de contenir les prix par ailleurs.

Tommy : A l’heure de la retraite, aurai-je droit a ma retraite plus mon revenu universel ou les deux ne sont pas cumulables ?

Cela dépend des projets, mais dans celui de Benoît Hamon, ça l’est.

Pierre : Comment est financé ce revenu universel qui coûterait entre 200 et 300 milliards par an ?

C’est une question épineuse. Benoît Hamon n’est pas très clair sur la question. Interrogé là dessus lors du premier débat de la primaire de la gauche, il a rappelé que personne ne s’était posé la question lors de la mise en place de la Sécurité sociale. Il estime qu’en relançant la consommation, ça pourrait créer un cercle vertueux qui redynamiserait l’économie, ce qui permettrait de financer le projet à terme. Les économistes, eux, estiment que ça ne peut pas se faire sans l’augmentation substantielle des prélèvements obligatoires.

Alex : Sans augmenter les impôts, et sans réduire le budget, quels seraient les modes de financement du revenu universel ?

L’équation serait alors vraiment délicate. Voire mathématiquement impossible.

Philou : SMIC net à 1 150 euros, minima sociaux à 800 ou 850 euros selon Valls. S’il n’y a pas de revenu universel en plus du salaire, n’y a-t-il pas un risque de dévalorisation du travail ?

Dans le projet de Manuel Valls, ce qu’il appelle un « revenu décent » est attribué sous conditions de ressources uniquement. L’argument de la dévalorisation du travail a justement été pointé par les opposants au revenu universel de M. Hamon.

MTM : Le revenu universel n’est-il pas autant l’affaire de ceux qui quittent leur emploi que de ceux qui leur suppriment ? Les employeurs seront-ils sollicités dans son financement au côté de l’Etat ?

Pour l’instant, les méthodes de financement sont encore assez floues. Donc cela dépendra de la manière dont la mesure pourrait être mise en œuvre. Une chose est certaine : les prélèvements obligatoires risquent d’augmenter.

Kevin : Le revenu universel a t-il déjà été mis en place dans certains pays ?

Il y a eu des expérimentations aux Etats-Unis, en Inde, et en ce moment même en Finlande.