Annoncé avec tambours et trompettes, le discours que doit prononcer Theresa May en fin de matinée, mardi 17 janvier, est censé préciser son plan pour le Brexit, à environ dix semaines du déclenchement de la procédure de divorce avec l’UE, qu’elle a annoncé pour la fin mars. Jusqu’à présent, la Première ministre a surtout répété des formules creuses, comme « Le Brexit veut dire le Brexit » ou « Nous sortons de l’UE mais pas de l’Europe ».

Son intervention est destinée à contrarier l’idée selon laquelle elle n’a en réalité aucun plan, comme l’a affirmé de façon explicite l’hebdomadaire The Economist, qui l’a surnommée « Theresa Maybe » (« Theresa Peut-être »). Downing Street veut aussi faire oublier l’épisode ravageur de la démission de l’ambassadeur britannique auprès de l’UE, critique à l’égard des orientations « brumeuses » de Mme May. Cette dernière veut enfin prendre l’initiative avant l’arrêt de la Cour suprême britannique qui, attendu pour la semaine prochaine, va probablement l’obliger à saisir le Parlement avant d’engager le Brexit, ce qu’elle ne souhaitait pas.

Chantage

En octobre, la première ministre avait fixé deux lignes rouges : la maîtrise de la politique d’immigration des Européens au Royaume-Uni et la fin de la suprématie de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) sur les juridictions britanniques. La conséquence logique en est la sortie du marché unique, précisément régulé par la CJUE. Mme May a aussi répété qu’elle ne se laisserait pas enfermer dans l’alternative entre contrôle de l’immigration et accès au marché unique (deux prérogatives jugées incompatibles par les Vingt-Sept). Elle s’est fait fort de « négocier le meilleur accord possible ». En menaçant dimanche l’UE de transformer le Royaume-Uni en paradis fiscal, si l’Europe refusait de lui ouvrir son marché, son ministre des finances, Philip Hammond, a nettement raidi le ton.

Theresa May confirmera-t-elle ce chantage ? Précisera-t-elle ses objectifs ? Les observateurs espèrent qu’elle détaillera sa position sur le système de contrôle de l’immigration, sur la nature des relations économiques qu’elle souhaite nouer avec le continent, en particulier le positionnement de la City. Mais rien n’est moins sûr.

En termes très généraux, les premiers éléments de son discours diffusés par Downing Street expriment l’ambition de construire une « Grande-Bretagne mondiale » à partir des « opportunités » qu’offre le Brexit, selon Mme May. « Je veux que le Royaume-Uni émerge de cette période de changement plus fort, plus uni, plus juste et plus tourné vers l’extérieur que jamais », doit-elle déclarer. S’adressant aux « continentaux », elle affirmera que l’« intérêt massif » de son pays est de voir l’UE « réussir ». Pour que ce message amical, éloigné de celui de M. Hammond, soit bien relayé, les ambassadeurs à Londres des vingt-sept Etats de l’Union ont été invités à écouter solennellement la première ministre à Lancaster House, haut lieu de la diplomatie britannique, à deux pas de Buckingham Palace.