Les policiers israéliens ont été dépêchés dans le village bédouin d’Oumm Al-Hiran, mercredi 18 janvier, pour sécuriser la démolition de plusieurs maisons et laisser la place à une nouvelle ville israélienne. | AHMAD GHARABLI / AFP

Une opération de démolition dans le village bédouin d’Oum Al-Hiran a très mal tourné mercredi 18 janvier dans une communauté du sud d’Israël, dans le désert du Néguev. Un policier israélien et un villageois arabe ont été tués dans des circonstances encore floues et différentes selon les versions de la police et des habitants.

D’après les forces de l’ordre, le policier Erez Levi, 34 ans, est mort dans une attaque à la voiture bélier, dont l’auteur a ensuite été abattu. Ce dernier, identifié par les habitants comme Yacoub Moussa Abou Al-Qiyan, aurait appartenu au Mouvement islamique en Israël, selon les autorités israéliennes – une mouvance fortement inspirée des Frères musulmans et promouvant l’islam chez les Arabes israéliens. Mais plusieurs villageois ont contesté cette version, comme Raïd Abou Al-Qiyan, responsable d’un comité prodiguant des services aux villageois, et présent sur les lieux de l’incident.

« La version israélienne est un mensonge »

« La version israélienne est un mensonge. Il [le conducteur] était un enseignant respecté. Ils [les policiers] sont arrivés et ont commencé à tirer sans discrimination des balles en caoutchouc, visant les gens, allant jusqu’à blesser le député Ayman Odeh, qui essayait de leur parler », a-t-il affirmé à l’Agence France-Presse.

Selon Anan Maalouf, l’assistant parlementaire du député arabe Ayman Odeh, les policiers « ont agressé le député et les autres gens, des manifestants, avec des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes tirés directement dans le visage. Il n’y a jamais eu d’attaque à la voiture bélier ».

Les policiers avaient été dépêchés à Oum Al-Hiran pour sécuriser la démolition de plusieurs maisons de Bédouins, qui seront remplacées par une nouvelle ville israélienne. Le village abrite environ un millier de personnes, qui vivent dans de modestes maisons, s’approvisionnant en électricité grâce à des panneaux solaires faute de raccordement au réseau.

La Cour suprême avait estimé en 2015 que le village était construit illégalement sur des terres appartenant à l’Etat et précisé que les habitants avaient reçu des propositions de relogement dans un village voisin reconnu, qu’ils ont rejetées.

Près de 230 000 Bédouins vivent dans le désert du Néguev, dont 90 000 sédentarisés habitent des villages non reconnus, souvent dans une grande pauvreté. Les autorités israéliennes dénoncent des constructions anarchiques et l’absence de titres de propriété pour justifier la construction de nouvelles habitations à destination des colons.