« Le Bilan du monde 2017 : géopolitique, environnement, économie » (218 p., 12 €). Vendu en kiosque et sur le site Boutique.lemonde.fr | aris

Chacun des 198 Etats de la planète fait, dans ce « Bilan du monde 2017 », l’objet d’un article de la rédaction et des correspondants du Monde qui analysent les principaux événements survenus en 2016.

La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, le 8 novembre, symbolise un changement d’époque, où la loi du plus fort semble être ­devenue la norme assumée et revendiquée par les principaux ­dirigeants de la planète, sans plus s’embarrasser de sacrifier au discours lénifiant sur les droits de l’homme, l’égalité ou la protection de l’environnement.

En Syrie, les armes russes et iraniennes ont remporté la victoire à Alep, le 22 décembre, au prix de la ruine de la ville et de milliers de victimes civiles. Le président turc Erdogan a profité du coup d’Etat manqué, dans la nuit du 15 au 16 juillet, pour faire fi de l’état de droit en poursuivant ses opposants. M. ­Poutine a imposé l’agenda du retour en force de la puissance militaire russe, au Moyen-Orient comme aux frontières de l’Union européenne. M. Trump entend abroger les régulations financières, environnementales et sociales qui entravent l’action du « big business ».

Risque et incertitude

Ce culte de la force suscite l’admiration des leaders de l’extrême droite européenne et séduit une part croissante de l’opinion, comme le montrent les scores des partis prônant les solutions autoritaires et le rejet de l’immigration. En votant pour le Brexit et en élisant Donald Trump, les perdants de la « fête » de la mondialisation se vengent des élites qui les en ont exclus ; mais ils libèrent aussi les passions refoulées du rejet de l’autre et du repli sur soi.

Certes, l’action d’individus, ­d’associations, de collectivités continue de témoigner de l’attention aux plus démunis et de la possibilité d’une économie du bien ­commun. Mais aucun mouvement social ou intellectuel, aucun ­leader politique ne parvient à fédérer ces ­actions en un projet politique progressiste ­cohérent et attractif.

Le terrorisme djihadiste approche ainsi de son objectif stratégique en substituant dans les cœurs et les esprits la peur à la solidarité, le repli sur de supposées « valeurs » nationales ou religieuses à l’ouverture et à l’échange, les lois d’exception et l’omniprésence policière au maintien des ­libertés publiques et des droits individuels. Ces postures et prescriptions sont désormais le noyau dur des programmes électoraux au-delà des limites de l’extrême droite.

L’accession au pouvoir de « leaders virils », sûrs de leur droit et de leur force, a plongé le monde dans le risque et l’incertitude pour les années qui viennent.

« Le Bilan du monde 2017: géopolitique, environnement, économie », Hors-série du « Monde » (218 p., 12 €). Vendu en kiosque et sur le site Boutique.lemonde.fr