Cette photo d’archive montre un soldat syrien à Houwayqa, dans le secteur de Deir ez-Zor, le 12 novembre 2016. | AYHAM AL-MOHAMMAD / AFP

Le régime syrien a dépêché en catastrophe, mardi 17 et mercredi 18 janvier, des renforts militaires et des combattants du Hezbollah libanais pour tenter de contenir la plus violente offensive de l’organisation Etat islamique (EI) depuis un an contre la ville de Deir ez-Zor, qu’elle assiège.

Les troupes de l’EI, passées à l’attaque samedi 14 janvier, ont coupé en deux l’enclave gouvernementale, où vivent encore 100 000 personnes, selon l’ONU. Plus grave, la base aérienne, qui abrite QG et stocks de munitions de l’armée, est désormais encerclée et isolée du reste du territoire sous contrôle gouvernemental, qui compte moins de 150 km2. Deux colonels et un général de brigade de l’armée syrienne ont été tués pendant les combats, selon les médias syriens. Au moins 37 civils ont péri depuis le début de l’offensive djihadiste samedi, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Des jeunes enrôlés de force

Ce n’est pas la première fois que le groupe djihadiste tente de s’emparer de la plus grande ville de l’est de la Syrie (200 000 habitants), dont il contrôle la partie orientale depuis deux ans, mais, de l’avis de miliciens gouvernementaux témoignant sur les réseaux sociaux, cette offensive djihadiste est « la plus grave et la mieux préparée » à laquelle ils font face. Et l’EI aurait acheminé ces dernières semaines des renforts depuis Rakka, sa « capitale » syrienne située à 150 km au nord-ouest.

Pour tenter d’entraver l’offensive, des dizaines de raids aériens russes et syriens ont visé les positions djihadistes. Selon des militants locaux de l’opposition modérée, ces bombardements auraient détruit les ponts qui enjambent l’Euphrate, le fleuve longeant les deux enclaves loyalistes. L’armée a également demandé aux habitants de se rendre sur les lignes de front, et enrôlerait de force jeunes et adolescents, selon les opposants. L’EI a exhibé les cartes d’identité militaires de miliciens âgés d’à peine 16 ans.

Le Programme alimentaire mondial a par ailleurs suspendu ses largages de vivres : « Nous avons suspendu nos opérations aériennes. Il y a des combats dans et autour de la zone où sont largués les vivres (…), c’est simplement trop dangereux », a déclaré depuis Genève la porte-parole.

Pour l’EI, Deir ez-Zor est une cible stratégique. Cette capitale provinciale est à la jonction des territoires qu’il contrôle encore en Syrie et en Irak. Sa conquête, à l’image de la prise de Palmyre en décembre 2016, permettrait de redorer l’image de l’organisation alors qu’en Irak les forces de Bagdad sont en passe de conquérir la rive est de Mossoul.