Thierry Rey (de face), conseiller sport et jeunesse du président de la République, François Hollande, discute avec de jeunes engagés durant le rassemblement national des volontaires au service civique, le 27 juin 2012. | JACQUES DEMARTHON / AFP

François Hollande l’avait assuré en 2012 : la jeunesse « abandonnée », « sacrifiée », serait la priorité de son mandat. Cinq années plus tard, beaucoup d’observateurs portent un regard désabusé sur cette « priorité jeunesse », mais le président sortant n’aura pas à assumer son bilan face aux électeurs.

Les candidats à la primaire de la gauche, eux, multiplient les promesses pour séduire un électorat qui s’est abstenu à 65 % lors des élections régionales de 2015 : création d’un revenu universel, crédit gratuit ou extension de la garantie jeune. La création d’un service civique « obligatoire » tient également une place notable dans les programmes. Un projet qui fait écho à ceux des candidats de la primaire… de la droite.

En novembre 2016, cinq des candidats à la primaire de la droite et du centre souhaitaient remettre en ordre de marche une jeunesse jugée démobilisée avec un service obligatoire. Electoralement, cette idée ne leur a pas permis de faire la différence ; tous ont été éliminés au premier tour. Cette proposition figure cependant parmi les mesures phare d’un candidat de la primaire de la gauche, Arnaud Montebourg, comme l’illustre l’injonction « Engagez-vous ! » qui figure sur ses affiches.

Pour un service national obligatoire

L’ancien ministre de l’économie l’a déclaré dès son entrée en campagne, le 21 août : lui président, il établirait un « service national civil et militaire obligatoire pour six mois », pour les garçons comme pour les filles. « Nous sommes dans un pays avec des murs de verre entre les différences », écrit le candidat. En échange de ces six mois accordés à la patrie, M. Montebourg propose de débloquer un prêt sur l’honneur de 5 000 à 10 000 euros pour financer tout projet associatif, humanitaire… « En somme, on propose aux jeunes de commencer leur vie active en s’endettant, après s’être investi auprès des autres », traduit, dubitative, Lilâ Le Bas, présidente de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF).

Mais le service national, « c’est le brassage qui manque à notre pays », poursuit l’ancien appelé qui a passé l’essentiel de son année sous les drapeaux, en 1986, à la rédaction de discours, dans un bureau d’une caserne parisienne puis du ministère de la défense.

Si Arnaud Montebourg est le seul à envisager de proposer à la jeunesse un encadrement militaire pour façonner un sentiment commun de « fraternité », l’idée d’une période obligatoire au service du pays est largement partagée au sein des prétendants à l’investiture socialiste. Manuel Valls propose un service civique de six mois pour les jeunes des deux sexes. « La citoyenneté, cela s’apprend, déclare l’ancien premier ministre, mon expérience m’a appris que ce qui était facultatif ne profitait pas à tous. Il s’agit de transmettre aux générations futures les valeurs et principes de notre modèle républicain – à tous. »

Le service civique serait l’école du « vivre ensemble » pour les anciens Verts qui ont rejoint la course à l’investiture socialiste. Jean-Luc Bennahmias propose de mettre en place un service « mixte et obligatoire ». François de Rugy propose une formule à géométrie variable : un service de trois mois obligatoire « effectué dans des associations, des opérateurs de l’Etat du domaine de l’environnement et de la protection de la nature ou des collectivités locales », ou, sur la base du volontariat, un stage de six mois rémunéré et donnant lieu à un certificat de compétences, ou encore un service de douze mois doté d’un capital de 12 000 euros.

Pour un service national basé sur le volontariat

Lors de la primaire de la droite, les finalistes François Fillon et Alain Juppé avaient repoussé l’idée de réanimer le service national. A gauche, Vincent Peillon et Benoît Hamon, tous deux anciens ministres de l’éducation nationale, montrent peu d’appétence pour le service civique obligatoire prôné par leurs concurrents. S’ils louent l’intérêt collectif d’un engagement des jeunes, c’est sur la base du volontariat. Benoît Hamon propose par ailleurs de valoriser l’expérience d’un service civique au sein de la population étudiante avec « la validation du premier semestre de l’université ».

Quant aux représentants étudiants, ils s’étranglent à l’idée d’un service obligatoire : « Les jeunes sont prêts à s’engager, il faut les encourager. La contrainte est une vision paternaliste et autoritaire », s’indigne Lilâ Le Bas. « La définition d’un engagement, c’est le volontariat », rappelle Jimmy Losfeld, président de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE).

Séduire les jeunes pour la présidentielle

Sur un plan plus strictement financier, Benoît Hamon propose de créer un revenu universel et de permettre aux 18-25 ans d’en bénéficier : « Les jeunes alternent salariat, statuts précaires, formations, contrats courts. Le revenu universel incarne enfin l’acte de confiance espéré de la France envers sa jeunesse. »

Comme l’ancien ministre de l’éducation nationale, la plupart des candidats et membres de la majorité présidentielle ont leur martingale pour séduire l’électorat jeune. Manuel Valls a un projet dont il n’a pas fait part lors de ses années à la tête de l’exécutif : la création d’un revenu d’autonomie pour les 18-25 ans. « Il s’agit de créer un revenu décent, issu de la fusion des minima sociaux existants, pour toutes les personnes de plus de 18 ans », assuré sous conditions de ressources.

Quant à Vincent Peillon, il compte amplifier le dispositif de « garantie jeune ». Cette allocation de 461 euros allouée aux moins de 25 ans, lancée en 2013, a pour objet d’accompagner les jeunes dans leur recherche d’emploi. Cent mille à 150 000 jeunes pourraient en bénéficier en 2017, et le candidat Peillon vise le chiffre de 200 000 en 2020.