Lors d’une manifestation de lycéens contre « la casse de l'éducation », le 18 octobre 2011, à Perpignan (Pyrénées-Orientales). | RAYMOND ROIG / AFP

« Ce scrutin montre que la jeunesse veut se faire entendre à travers les urnes », explique Giuseppe Aviges, le jeune vice-président de l’Union nationale des lycéens (UNL). Selon un « référendum d’initiative lycéenne » réalisé par son syndicat en décembre 2016 et janvier devant plus de trois cents lycées, et auquel 57 000 élèves ont participé, 62 % d’entre eux sont favorables à l’élargissement du droit de vote à 16 ans. Alors que 38 % s’y opposent.

Campagne présidentielle

Cette consultation, sur une revendication que porte l’UNL depuis plusieurs années, entre en résonance avec la campagne présidentielle, alors que le droit de vote à 16 ans est défendu par plusieurs candidats. C’est le cas, à gauche, de Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise, ou encore de Thierry Solère, le porte-parole de François Fillon, du parti Les Républicains, qui a annoncé, en décembre 2016, être favorable à la mesure. D’ailleurs, le vote à la primaire à gauche les 22 et 29 janvier, comme celles de la droite et du centre en novembre 2016 ou bien des écologistes en septembre 2016, autorise aussi les mineurs (sous conditions) à voter.

« Nous ne sommes pas là pour donner une opinion politique sur untel ou untel, explique au Monde Giuseppe Aviges. Nous nous réjouissons par contre que cette question ait ainsi une chance d’être débattue lors de cette campagne présidentielle. ».

Abstention

Encore faut-il que les jeunes exercent leur droit de vote. Questionné sur les importants taux d’abstention des 18-25 ans à chaque scrutin, le vice-président de l’UNL commente : « La jeunesse ne se sent pas considérée car elle est exclue des débats politiques, parce qu’on parle bien souvent à sa place, qu’on enchaîne les promesses sans lendemain sur “la jeunesse”. C’est ce qui explique ces taux d’abstention. Si on fait entrer 1,5 million de 16-18 ans dans le corps électoral, là elle se sentira concernée. »

Une analyse qui rejoint celle du politologue Michael Bruter, qui rappelait aussi, dans un entretien au Monde, en 2015, que « le droit de vote à 16 ans a été mis en place avec succès en Autriche, au Brésil, en Argentine et dans plusieurs Länder allemands. Les jeunes de cet âge ont aussi été invités à participer au référendum sur l’indépendance de l’Ecosse de 2014, avec succès : 80 % des 16-18 ans ont voté à cette occasion. »

Selon ce professeur à la London School of Economics, l’avancement de l’âge du premier vote constitue une « vraie solution » à l’abstention des jeunes : « A cet âge, les jeunes ont une plus grande probabilité d’aller voter qu’un peu plus vieux. Ils vivent chez leurs parents et baignent dans un environnement où le vote est connoté positivement. Or, le fait de voter dès les premiers scrutins a un effet disproportionné sur la participation électorale d’un individu. » Et de rappeler que, selon plusieurs études, les jeunes qui votent lors des deux premières élections suivant leur majorité électorale deviennent des « participants chroniques ».

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