Des migrants sur l’ancien site de la « jungle » de Calais, le 29 octobre 2016. | THIBAULT CAMUS / AP

Il y aurait donc eu un « effet Calais » sur les retours volontaires des migrants dans leur pays d’origine. Quelques mois passés dans la jungle auraient dégoûté de l’Europe plus d’un migrant. Deuxième nationalité à camper dans ce lieu insalubre, les Afghans ont été vingt fois plus nombreux en 2016 qu’en 2015 à choisir de rentrer chez eux.

S’il n’existe pas vraiment une typologie du migrant qui renonce à son projet, le directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), Didier Leschi, observe quand même que ceux qui sont repartis en 2016 souffraient d’un « profond épuisement ». « En général ils sont restés des mois à Calais et ont pris conscience que la fin de leur voyage ne signifiait pas la fin des difficultés », ajoute-t-il. Les équipes de M. Leschi qui aidaient les migrants dans leur démarche de retour, difficile pour eux parce que synonyme d’échec, ont souvent entendu raconter le cumul de la « difficulté d’apprentissage de la langue et des problèmes d’insertion économiques », rappelle le directeur.

Les nationalités qui enregistrent des augmentations importantes du nombre de départs étaient toutes présentes à Calais. Avec 529 départs en 2016 contre 27 l’année précédente, les Afghans ont été la première nationalité et aussi celle qui a connu la plus forte augmentation entre les deux années. Mais les Pakistanais (+ 55 %), les Iraniens (+ 194 %) et les Irakiens (+ 114 %) sont aussi souvent repartis après une expérience difficile.

4 774 départs aidés

L’augmentation de la prime de départ volontaire, mise en place pour aider à vider le bidonville aurait aussi fonctionné comme une aide à la décision, selon le directeur de l’OFII. Fixée à 1 000 euros, la prime avait été portée à 2 500 euros jusqu’à fin 2016. Certaines nationalités peuvent également bénéficier d’une aide à la réinsertion que 1 133 personnes ont obtenue (+70 %) en 2016. L’OFII se félicite ainsi d’avoir pu faire repartir, avec un projet, des ressortissants de plusieurs nationalités, dont la Moldavie et le Brésil, qui se retrouvaient victimes de réseaux.

Si les 4 774 départs aidés ne sont pas en hausse par rapport à 2015, Didier Leschi a joué la carte des « pays à visa ». Ses services se sont en effet concentrés sur les retours hors Union européenne (UE), estimant que c’était faire meilleur usage de l’argent public, car ces migrants avaient moins de chances de revenir que ceux qui résident en Europe. Sous le quinquennat Sarkozy, l’aide au retour octroyée aux Roumains avait défrayé la chronique, parce qu’elle avait créé un effet d’aubaine. Désormais la prise d’empreinte a mis fin à la possibilité de toucher plusieurs fois une aide au retour, et en plus, la politique de l’OFII s’est recentrée.

Ainsi, le bilan 2016, globalement étal, se sépare en fait en trois pôles. D’une part, les retours aidés vers l’Europe ont décru de 18 % ; les retours vers les pays dispensés de visas mais hors UE ont diminué de 25 % et ceux à destination des pays à visa ont, eux, augmenté de 16 %. Globalement, cette politique a coûté 6,23 millions d’euros. Soit 1 300 euros par départ. Ce qui est considérablement moins onéreux que les renvois forcés sous escorte policière et parfois précédés de plusieurs semaines en centre de rétention.