Le Britannique Paul McCartney, le 30 mai, lors d’un concert à l’AccorHotels Arena de Paris. | BERTRAND GUAY / AFP

Paul McCartney a déposé plainte mercredi 18 janvier à New York contre la société d’édition musicale Sony ATV Music Publishing pour s’assurer les droits sur certaines chansons des Beatles, une bataille qui pourrait être lourde de conséquences pour l’industrie du disque.

Le joyau de Sony/ATV est constitué de deux cents chansons cosignées John Lennon et Paul McCartney, les deux principaux auteurs-compositeurs des Beatles. Yellow Submarine, Revolution, Hey Jude, Come Together… Tous les morceaux célèbres, à quelques exceptions près, y sont. Le montant exact des revenus en jeu relève du secret-défense mais, sur les vingt chansons les plus rentables de Sony/ATV en 2015, quatre venaient des « Fab Four ». Sachant que les premières places sont occupées par des tubes récents, à commencer par ceux de Rihanna.

Les Beatles en ont perdu les droits en 1970. Quarante-cinq ans plus tard, le chanteur ne décolère pas. Il le confiait encore il y a quelques années au Daily Express : « Ce qui n’est vraiment pas agréable quand je suis en tournée, c’est que je dois payer pour avoir le droit de jouer mes chansons. A chaque fois que je joue Hey Jude, je dois payer quelqu’un. »

Lire aussi sur la saga des droits des Beatles : Paul McCartney ne lâche pas le morceau

Une obscure clause de la loi des « copyrights »

Depuis 2009, Paul McCartney évoque régulièrement une obscure clause de la loi américaine sur les copyrights – ou droits d’auteur. « Dans dix ans environ, une grande partie du catalogue me revient, légalement », répète-t-il. Selon la loi américaine sur la protection des droits d’auteur (« Copyright Act ») de 1976, les artistes peuvent prétendre à la récupération des droits de leurs œuvres trente-cinq ans après l’année de leur première édition, ou jusqu’à cinquante-six ans pour des œuvres datant d’avant 1978. En 2018, cela fera cinquante-six ans que les « Fab Four » ont publié leur premier single, Love Me Do.

Une affaire similaire a opposé en décembre 2016 le groupe de pop anglais Duran Duran à sa société d’édition, détenue par Sony/ATV Music Publishing, devant la justice britannique. La formation voulait récupérer les droits de certains de ses anciens tubes, comme Rio ou A View to a Kill, chanson du générique du James Bond Dangereusement vôtre. Les juges ont alors estimé que la loi américaine ne s’appliquait pas en Grande-Bretagne.

Un catalogue considérable

Le groupe japonais Sony a racheté en septembre 2016 les parts détenues par Michael Jackson dans leur société commune Sony/ATV. C’est en 1985 que Michael Jackson avait acheté ATV Music Publishing, qui comprenait les titres du groupe mythique britannique, pour 41,5 millions de dollars, à la barbe de Paul McCartney, qui n’avait pu renchérir. A l’époque, cet investissement avait été considéré comme un des plus intelligents et des plus rentables de l’histoire de la musique.

Dix ans plus tard, en 1995, est né Sony/ATV Music Publishing, lorsque Sony est entré pour moitié dans la société. Sony/ATV Music Publishing contrôle aujourd’hui un catalogue considérable, fort de plus de trois millions de titres (dont les Beatles, Michael Jackson, Taylor Swift, Ed Sheeran, James Brown, Elvis Presley, Oasis, Eminem).