Un car Flixbus devant l’Opéra de Paris, le 19 mai 2015. | THOMAS SAMSON / AFP

Dans le trio d’entreprises qui se partagent le jeune marché des cars longue distance en France, c’est donc le nouvel entrant qui semble s’imposer comme le leader du secteur. Lors d’une conférence de presse organisée jeudi 18 janvier dans un bus qui sillonnait Paris, Flixbus a revendiqué avoir transporté 3,3 millions de personnes en 2016 sur les routes de France dans ses véhicules vert et orange difficiles à rater. « Nous sommes passés de M. Nobody à M. Mobility », s’amusait Yvan Lefranc-Morin, nouveau directeur général de Flixbus France.

La filiale hexagonale de la grosse start-up allemande passe donc en tête le cap de la première année civile des « cars Macron » (2016), devant deux filiales de sociétés à capitaux publics : Ouibus, qui appartient à la SNCF, et Isilines, rattachée à Transdev, opérateur de transport public, propriété de la Caisse des dépôts.

Une part de marché supérieure à 45 %

Selon nos estimations, depuis septembre 2015 et la libéralisation du car longue distance en France, un peu moins de 8 millions de passagers ont été transportés en France, dont 6,5 à 7 millions pour la seule année 2016. Dans ce marché (à comparer aux 125 millions de passagers transportés en un an par les TGV), Flixbus dispose d’une part de marché supérieure à 45 %, Ouibus s’arroge un gros tiers et Isilines moins de 20 %.

Dans ce contexte, Flixbus ne cache pas son gros appétit pour 2017. « Nous comptons augmenter de 50 % notre offre globale par rapport à celle de 2016 qui comptait déjà 60 lignes et 135 villes desservies, explique M. Lefranc-Morin. Nous allons aussi augmenter le cadencement sur les lignes les plus empruntées, Paris-Lille et Paris-Lyon. »

L’objectif de 5,5 millions de passagers cette année est officiellement avancé. Flixbus, qui ne divulgue aucune donnée financière, compte parvenir à la rentabilité en 2018, grâce à l’amélioration du taux de remplissage moyen de ses cars qui a atteint 60 % en 2016 en moyenne selon la société.

Flixbus, qui emploie 60 personnes en France et fait travailler une cinquantaine de PME autocaristes hexagonales ; peut aussi s’appuyer sur son réseau européen, ses 1 000 salariés, ses 30 millions de passagers transportés en 2016, ses sept autres réseaux domestiques en Europe (Allemagne, Italie, Autriche, Pays-Bas, Danemark, Suède, Croatie).

Rentabilité avant 2019 pour Ouibus

Sur ce marché où tout le monde perd allègrement de l’argent, le challenger Ouibus s’accroche. La filiale de la SNCF affirme être en mesure d’atteindre la rentabilité avant 2019 et annonce elle aussi qu’elle va étoffer son réseau. Au point même que Transdev a saisi l’Autorité de la concurrence à l’encontre de la SNCF, le 9 décembre 2016. Le troisième larron reprocherait à la SNCF d’avoir recapitalisé Ouibus qui continue créer des lignes tout en cumulant les pertes.

Isilines, justement ne compte pas se laisser piéger dans une guerrilla de la part de marché. « Nous ne participerons pas à la course à la sur-offre et à la première place, indique un porte-parole. Isilines accompagne et accompagnera le développement du marché dans la distance et la durée, sans creuser des pertes colossales. »

Isilines fait le choix de l’adaptation à la saisonnalité en réduisant son offre en semaine et en basse saison pour l’augmenter lors des week-ends et des vacances scolaires. Dans ce cadre, la marque s’est associée à Travelfactory, un gros voyagiste, afin de livrer des « packages » clés en main (transport + séjour) à l’occasion de la saison des sports d’hiver.