Il y a une table Ronald Reagan, une table Herbert Hoover, une table Franklin Roosevelt et une table John Kennedy, mais pas de table Barack Obama pour accueillir les « Trump people » français dans les salons de l’Hôtel Intercontinental Paris Le Grand, près de l’Opéra Garnier. Hommes en smoking ou costumes aux épaules rehaussées, femmes aux robes Ivanka Trump aussi longues que la Trump Tower : vendredi 20 janvier, 150 invités se sont retrouvés pour fêter en direct l’investiture du 45e président des Etats-Unis autour d’un cocktail et d’un dîner de gala (210 euros).

« Il nous faut resserrer les liens entre les deux pays », explique Rosine Ghawji, une Franco-Américaine membre du Tea Party qui côtoie depuis longtemps Donald Trump aux Etats-Unis et ne craint pas d’afficher ses sympathies pour Vladimir Poutine et la droite identitaire française. L’ambassadrice des Etats-Unis en France s’en est allée sans attendre l’investiture du nouveau président ? Rosine Ghawji se fait l’ambassadrice officieuse de son ami.

« Ici, Trump n’a pas de réseaux, et l’Europe n’en a pas davantage chez le nouveau président », note le sénateur (UDI, Paris) Yves Pozzo di Borgo. Il est en effet le seul parlementaire venu fêter l’élection : le président du groupe d’amitié France-Etats-Unis de l’Assemblée nationale, Jean-François Copé, était absent. Il n’a pas souhaité croiser le député européen Bruno Gollnisch ou le maire de Béziers, Robert Ménard, un inconditionnel de M. Trump, le père des « patriotes du monde entier ».

Bras d’honneur au « politiquement correct »

Dans la petite assemblée s’est glissé le cousin du dictateur syrien Bachar Al-Assad, Somar, deux Libyens, dont, dit-on, le futur ambassadeur de ce pays aux Etats-Unis, des militaires américains, comme le redouté général Paul Vallely, ex-commandant en chef de l’armée dans le Pacifique et conseiller de M. Trump pour le Moyen-Orient. Il explique travailler de concert avec le conseiller à la sécurité nationale du président américain, Michael Flynn, « à un sommet Trump-Poutine à Reykjavik, là où Reagan et Gorbatchev s’étaient vus il y a trente ans », annonce le journaliste Christian Malard sur i24news, la chaîne israélienne d’information en continu de Patrick Drahi, dont il est le correspondant pour l’Europe.

Pendant que l’ancien journaliste de France 3 s’enthousiasme pour un discours d’investiture « populiste et ultraconservateur » et salue le bras d’honneur à un « politiquement correct en train de tout tuer », un certain Frank Mitchell dédicace La place de Donald Trump dans l’histoire, ce que personne ne sait, traduit en français aux troubles éditions Aquilion. L’hagiographe du nouveau président, son « ambassadrice » Rosine Ghawji : le 31 janvier, se réjouit Robert Ménard, le duo devrait se rendre à Béziers chez le premier des « Trump people » français.

Militante républicaine, au Capitol à l’occasion de l’investiture de Donald Trump le 20 janvier à Washington. | DARCY PADILLA / VU POUR "LE MONDE"