Infographie Le Monde

En matière d’échanges d’étudiants, les universités françaises font plutôt pâle figure par rapport à leurs homologues européennes. Du moins si l’on s’en tient aux seuls chiffres bruts. Ainsi avec 745 étudiants partis en échange, l’université de Lorraine, première française, n’arrive qu’à la… 39place en Europe, d’après les chiffres de l’agence Erasmus pour l’année 2013-2014, la dernière pour laquelle des statistiques complètes sont disponibles.

Viennent ensuite les universités de Strasbourg (674 départs) et de Nantes (598). C’est peu pour des établissements qui comptent plusieurs dizaines de milliers d’inscrits. Les universités espagnoles, de leur côté, occupent les premières places : on en compte dix parmi les vingt plus actives, à commencer par celle de Grenade (voir l’infographie au bas de cet article.

Le constat est le même pour l’accueil d’étudiants étrangers : première en France, l’université de Strasbourg, pourtant capitale européenne, n’arrive qu’en 21position avec 835 candidats Erasmus accueillis, loin devant Sciences Po Paris (au 54rang) et Paris-IV-Sorbonne (59e). Là encore, les espagnoles se taillent la part du lion : neuf d’entre elles figurent dans les vingt premières, Grenade dominant de nouveau le peloton (l’infographie figure en pied de page).

Résultats modestes pour les institutions de l’Hexagone

Comment expliquer ces résultats modestes – et assez stables d’une année à l’autre – pour les institutions de l’Hexagone ? Avant tout par le fait que l’international, du côté des universités, n’a pas vraiment été une priorité ces dernières années, au contraire des grandes écoles. Mais les choses sont en train de changer.

Il faut toutefois se garder de conclusions ­hâtives. Pour mesurer l’implication d’une université dans les échanges Erasmus, mieux vaut tenir compte aussi de l’effectif total d’étudiants inscrits. Et dans ce cas, la hiérarchie française est bien différente : c’est la ­petite université de Savoie et ses 13 000 étudiants, qui, avec environ 2,5 % de départs en échange Erasmus par an (contre 1 % environ, en moyenne, pour l’ensemble des institutions françaises) se classe en tête sur les dernières années. Devant Grenoble-III-Stendhal – désormais fusionnée au sein de l’université ­Grenoble-Alpes (UGA). Quant à l’université de Lorraine, elle obtient un rang honorable, avec 1,5 % environ d’étudiants partis.

« L’accueil d’étudiants étrangers contribue au rayonnement de la région »
Yannick Neuder, vice-président enseignement supérieur et recherche au conseil régional

« Les trois universités de Grenoble ont toujours affiché une politique volontariste en ­matière de mobilité, explique Nathalie Janin, directrice générale déléguée aux relations territoriales et internationales de l’UGA. L’université Stendhal a d’ailleurs été la première en France à s’engager dans Erasmus, et avait été primée pour cela en 1987. Aujourd’hui, une multitude d’acteurs au sein de l’UGA se mobilisent pour les échanges d’étudiants. » L’UGA est ainsi une des rares universités qui octroient, avec le Crous, un logement aux étudiants ­accueillis. Chaque élève en mobilité dispose d’un référent pédagogique et d’un autre pour les questions administratives. Un service d’accueil a également été mis en place avec une ­association étudiante, IntEGre, pour les étudiants et enseignants étrangers, ainsi qu’une aide pour l’obtention d’un visa.

Les universités les plus actives bénéficient aussi d’un fort soutien des conseils régionaux, en particulier dans les zones frontalières. Avec plus de 10 000 bourses (dont environ 4 000 en complément de bourses Erasmus) attribuées cette année, soit un budget de 16 millions d’euros, Auvergne-Rhône-Alpes revendique le titre de première région de France pour la mobilité étudiante. « L’expérience internationale est un atout pour l’emploi de nos diplômés, et l’accueil d’étudiants étrangers contribue au rayonnement de la région », souligne Yannick Neuder, vice-président enseignement supérieur et recherche au conseil régional.

Même tonalité pour la nouvelle région Grand-Est : « Les échanges Erasmus contribuent à l’épanouissement de nos jeunes, souligne Elsa Schalck, vice-présidente jeunesse et orientation. Ils sont aussi une façon de développer nos coopérations transfrontalières. C’est pourquoi nous encourageons la mobilité de nos étudiants, à tous les niveaux, et sans conditions de ressources. » Cette région souhaite ­notamment doubler le nombre de bourses Erasmus, pour atteindre 6 000 bénéficiaires. Un coup de pouce est également prévu pour les boursiers Crous.

Les universités européennes et françaises qui ont reçu le plus d’étudiants en Erasmus en 2014 | Infographie Le Monde

Les universités européennes et françaises qui ont envoyé le plus d’étudiants en Erasmus en 2013-2014