Pour son premier entretien officiel avec un dirigeant étranger depuis son investiture, Donald Trump échangera au téléphone avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, dans la soirée de dimanche 22 janvier.

Selon la Maison Blanche, la discussion se tiendra « sur des sujets portant sur les Palestiniens, la situation en Syrie et la menace iranienne ». La question, plus symbolique, d’un éventuel déménagement de l’ambassade américaine, sera également abordée. M. Nétanyahou s’est chaudement félicité de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, après les huit ans de relations tendues avec Barack Obama.

La question symbolique d’un déménagement de l’ambassade américaine

L’ambassade américaine à Tel-Aviv. | JACK GUEZ / AFP

Officiellement, selon le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer, « nous en sommes au tout début du processus consistant ne serait-ce qu’à aborder ce sujet ». Mais il s’agit bien d’une promesse de campagne de M. Trump, dont il sera probablement question lors de l’entretien téléphonique de dimanche. Donald Trump a promis de déménager l’ambassade, actuellement à Tel-Aviv comme la plupart des autres représentations étrangères, à Jérusalem.

Israël qualifie Jérusalem comme sa capitale indivisible, y compris Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée par Israël depuis 1967 et annexée en 1980. Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

Depuis 1995, le Congrès américain considère Jérusalem comme capitale d’Israël, mais tous les présidents américains, républicains et démocrates, ont jusqu’à présent recouru à leurs prérogatives pour maintenir l’ambassade à Tel-Aviv.

Un déménagement serait extrêmement mal perçu par les alliés américains au Moyen-Orient, comme l’Arabie saoudite, l’Égypte ou la Jordanie. Le roi jordanien Abdallah II, qui a vu le président palestinien Mahmoud Abbas dimanche à Amman, a parlé d’une « ligne rouge ». « Si cela arrive, nous avons des mesures avec la Jordanie que nous mettrons en place », a ajouté M. Abbas.

La colonisation en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est

Maalé Adoumim, importante colonie de Cisjordanie occupée. | MENAHEM KAHANA / AFP

Les critiques de l’administration Obama sur la question de la colonisation israélienne a atteint son paroxysme, le 23 décembre : pour la première fois depuis 1979, les États-Unis n’ont pas mis leur veto à une résolution de l’ONU condamnant les colonies israéliennes. L’arrivée d’une administration Trump, qui sera plus tolérante, a été bien accueillie par Benyamin Nétanyahou.

Pour tenter de donner des gages aux Américains, le premier ministre israélien a reporté un vote à la Knesset sur une question potentiellement explosive : l’annexion de Maalé Adoumim, importante colonie de Cisjordanie occupée, et d’un secteur la reliant à Jérusalem, ce qui couperait en deux la Cisjordanie et rendrait pratiquement impossible la création d’un Etat palestinien. Il s’agirait, selon les médias israéliens, d’attendre une rencontre avec M. Trump qui pourrait avoir lieu en février.

Dimanche, la mairie de Jérusalem a quand même annoncé la construction de 566 logements dans les quartiers de colonisation de Pisgat Zeev, Ramot et Ramat Shlomo, à Jérusalem-Est. Les permis de construire avaient été gelés à la fin décembre, la encore à la demande de Benyamin Nétanyahou. Pour justifier l’annonce des constructions, Meïr Turjeman, président de la commission de la construction et de planification de la municipalité de Jérusalem, a dit :

« Les règles du jeu ont changé avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Nous n’avons plus les mains liées comme du temps de Barack Obama, désormais, nous pouvons enfin construire. (…) Ces 566 logements ne sont qu’un coup d’envoi. Nous avons des plans pour la construction de 11 000 logements qui attendent les autorisations ».