Benoît Hamon, lors de son discours prononcé sur la péniche Le Quai, à Paris, dans la soirée du 22 janvier. | Jean-Claude Coutausse / french-politics Pour Le Monde

La joie, tout simplement la joie. Elle se lisait sur les visages de l’équipe de campagne de Benoît Hamon. « Ce sont les bienfaits d’une campagne low cost. Dire que l’on a commencé très très bas. On nous créditait d’à peine 3 % des voix », se souvient Julie. Comme François Hollande, en 2011, comme François Fillon à droite, c’est celui qui est parti du plus loin qui finalement franchit la ligne d’arrivée en tête. « Ce soir, on danse et demain, on recommence d’arrache-pied », poursuit-elle.

Sur la péniche Le Quai, amarré juste en contrebas du musée d’Orsay, les militants picorent des bonbons au bar, en attendant les résultats. Au buffet, des verrines et des tartines « faits maison », préparées par des militants dans l’après-midi, en attendant Hamon, la « gauche Carambar », avait ironisé François Kalfon, directeur de la campagne d’Arnaud Montebourg.

Sur les vitres de la péniche, des affiches rouge sang barrées du slogan : « Faire battre le cœur de la France ». Le nom du candidat et son visage barrent les autres affiches. « Quand on a commencé la campagne, Benoît souffrait d’un immense déficit de notoriété », reconnaît un militant, pour qui l’« Emission politique « de France 2, à laquelle Benoît Hamon a participé le 8 décembre a « tout changé ».

Rupture de stock de bulletins « Hamon »

Très vite, dans le QG flottant, plus personne n’a aucun doute : Benoît Hamon est en train de réussir son pari. Sandrine Charnoz, porte-parole, raconte qu’à Lyon, mais aussi dans le 19e arrondissement de Paris, certains bureaux de vote ont été en rupture de stock de bulletins « Hamon ».

La péniche mal éclairée – où sont attendues entre 300 et 500 personnes – se remplit peu à peu, commence à tanguer, grincer. A 20 heures, elle est déjà pleine à craquer. Les journalistes, cameramans et photographes sont venus nombreux. « Ah tu es là, toi ?, lance un reporter à un autre. Il y a foule ! C’est vraiment the place to be ! »

Un premier pic est atteint après l’annonce des résultats par Thomas Clay, le président de la Haute autorité de la primaire. « La claque pour Arnaud », s’exclame quelques militants ébahis par l’écart de voix entre Arnaud Montebourg et Benoît Hamon. Un deuxième pic est atteint, lorsque l’ancien ministre de l’économie annonce son ralliement à Hamon. Enfin à 21 h 21, arrive sur place le vainqueur, dans une nuée de perches et de caméras.

Tous les soutiens du candidat présents se félicitent de cette campagne commencée tôt (en août) et qu’ils ont senti « décoller » au cours de ces dernières semaines. « Dans le métro, les gens revenaient sur leurs pas pour prendre nos tracts, il y avait du monde dans les cafés publics, énumère Sandrine Charnoz. Dans les meetings, on voyait bien que cela se remplissait au-delà de nos réseaux habituels », explique un des responsables de l’organisation.

Un militant qui a préparé le buffet pianote sur son iPhone pour retrouver les paroles de l’un des tubes qui annonce l’arrivée de Hamon dans les meetings : Can’t hold us de Macklemore et Ryan Lewis : « This is the moment. Tonight is the night. We’ll fight till it’s over. So we put our hands up like the ceiling can’t hold us. Like the ceiling can’t hold us. » Soit : « Ce soir, c’est le bon soir. On se battra jusqu’à la fin. Alors on lève les mains en l’air comme si le plafond ne pouvait pas nous retenir. » Tout est dit.