Vingt-quatre heures après la clôture des bureaux de vote du premier tour de la primaire à gauche, dimanche 22 janvier, la haute autorité chargée du contrôle et de la validation a tenté de clore la polémique persistante sur les résultats et la participation avec un ultime communiqué de presse pour « apporter des précisions ».

Dimanche soir, après des premières annonces de résultats sur un dépouillement encore partiel, les organisateurs de la primaire ont continué à mettre à jour les résultats sur leur site Internet, comme cela avait été le cas pour la primaire de la droite. Entre minuit et 10 heures du matin, lundi, 350 000 nouveaux votants sont ainsi apparus dans le décompte, mais, fait plus surprenant, sans que cela ne change pour autant les scores des candidats. Parfois au centième près, les pourcentages des résultats étaient les mêmes à minuit et à 10 heures, malgré les votants de plus. Ce qui n’aurait été possible qu’au prix d’une coïncidence statistiquement peu probable.

Un « bug » puis une « erreur humaine »

Les organisateurs de la primaire, et notamment le premier d’entre eux, le député socialiste Christophe Borgel, ont tout d’abord parlé d’un « bug », sans donner plus de détails, tout en livrant cet étonnant aveu à nos confrères de Libération : « Il y avait beaucoup de pression autour du niveau de participation, j’ai demandé à ce que les résultats soient actualisés au plus vite. Et effectivement, on a appliqué au nouveau total de votants les pourcentages de la veille. »

Plus tard dans la journée, invité au micro de RTL, l’élu de Haute-Garonne a concédé les termes d’« erreur humaine », rejetant la faute sur un « permanent » du Parti socialiste. Ce dernier, a-t-il expliqué, aurait « mis sur la page [de résultats] le nouveau nombre de votants sans chercher à regarder où on en était des résultats [par candidat] ». Ce cadre du PS en a profité pour s’expliquer sur d’autres point suscitant encore des interrogations, comme le nombre de bureaux de vote effectivement ouverts dimanche.

Des résultats « validés » avec des écarts « marginaux »

Puis enfin, à 19 heures, c’est donc la haute autorité elle-même qui a communiqué des résultats « validés ». Sur 94,45 % des bureaux de vote validés (6 808), on compterait ainsi 1 597 720 votants, dont les voix se sont réparties de la manière suivante : 35,86 % pour Benoît Hamon, 31,22 % pour Manuel Valls, 17,3 % pour Arnaud Montebourg, 6,79 % pour Vincent Peillon, 3,82 % pour François de Rugy, 1,98 % pour Sylvia Pinel et 1 % pour Jean-Luc Bennahmias.

Soit des chiffres assez proches de ceux annoncés dimanche soir (respectivement 35,21 %, 31,56 %, 18,7 %, 6,48 %, 3,49 %, 2,1 % et 1,6 %), ce que la haute autorité n’a pas manqué de relever : « Force est de constater que les écarts sont marginaux », écrit-elle dans un communiqué, en précisant que « l’intégralité des chiffres, par bureau, département, circonscription sera mise en ligne dans les vingt-quatre heures et accessible à tous ».

De son côté, le président de cette même autorité a tenu à se défendre de toute « manœuvre » ou « bidouillage » sur le scrutin dans un entretien accordé au Monde. Assurant que « tout a bien fonctionné », Thomas Clay a plaidé « l’erreur d’affichage » : « Je conteste absolument et formellement les causes de cette effervescence auto-alimentée à partir de rien ou presque. Il n’y a aucun problème », a-t-il assuré.

Selon Pierre Kanuty, conseiller régional socialiste d’Ile-de-France, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, aurait même menacé de poursuites ceux contestant les résultats publiés par la haute autorité, à l’occasion du bureau national du parti qui se tient tous les lundis soir.

Primaire de la gauche : trois questions pour comprendre le second tour
Durée : 04:38
Images : Anna Moreau