Des milliers de jeunes manifestent contre le loi El Khomri à Nantes le 9 mars 2016. | LOIC VENANCE / AFP

Le constat est dur. Un taux d’activité faible, un « surchômage » persistant, une proportion élevée de décrocheurs : la situation des jeunes sur le marché du travail s’est globalement dégradée et leur insertion professionnelle est plus compliquée en France qu’ailleurs en Europe. C’est ce que révèle un rapport remis, mardi 24 janvier, à la ministre du travail, Myriam El Khomri.

Ce document de « diagnostic » a été élaboré par France Stratégie, organisme de réflexion rattaché à Matignon, et la Dares, le service des statistiques du ministère du travail, en concertation avec les organisations syndicales et patronales ainsi que quatre organisations de jeunesse (Fage, JOC, MRJC et UNEF), à l’issue d’une concertation sur l’insertion professionnelle des jeunes lancée par Mme El Khomri en septembre 2016.

Taux de chômage multiplié par 3,5 en 40 ans

Le taux de chômage des jeunes Français a été multiplié par 3,5 en 40 ans. Comparé aux autres pays européens, il « se situe dans la moyenne haute » : 24 % en 2016 pour les moins de 25 ans, soit au 5e rang sur 16 pays étudiés – après la Grèce, l’Espagne, l’Italie et le Portugal mais loin devant l’Allemagne, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas.

Le taux d’activité des 15-24 ans est également faible : 4,5 points inférieur à la moyenne européenne en 2015. Ce phénomène s’explique notamment par un cumul emploi-études peu important. A 15 %, il est en hausse, mais reste plus bas que dans d’autres pays européens, notamment l’Allemagne et les Pays-Bas, où davantage de jeunes sont en apprentissage. Ce cumul peut avoir un effet positif sur l’insertion tout en augmentant les risques d’échec universitaire, nuance toutefois le rapport.

La proportion de « NEET » (Not in Education, Employment or Training), ces jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation reste par ailleurs plus élevé (15 %) en France que dans les pays nordiques et en Allemagne. Contrairement à d’autres pays de l’Union européenne, il n’a pas reculé depuis 2013. Les jeunes Français connaissent aussi un « surchômage » important au moment de leur entrée sur le marché du travail, qui persiste « plus d’une dizaine d’années ». Et 35 % sont en contrat temporaire.

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Conjoncture dégradée et cumul de difficultés

« Les difficultés d’insertion de jeunes dans l’emploi sont marquées dans tous les pays européens par un surchômage. Mais, outre le fait qu’en France la conjoncture du marché du travail est globalement dégradée, ce qui la rend plus difficile chez nous, c’est pour certains le cumul de difficultés qui constituent de véritables barrières à l’entrée (compétences de base, mobilité, santé, logement, maîtrise du numérique…) », explique Hélène Garner, directrice du département travail à France Stratégie.

Parmi les dispositifs favorisant l’insertion, l’apprentissage est plus efficace que la voie scolaire, notamment pour les moins diplômés, constate le rapport. Mais avec un bémol : un taux de rupture des contrats élevé, de l’ordre de 27 %.