Vue, prise le 20 janvier 2017, d’une ruine d’un ancien bâtiment de l’usine AZF de Toulouse. | ÉRIC CABANIS / AFP

Le troisième procès de la catastrophe AZF, qui avait fait 31 morts et 8 000 blessés le 21 septembre 2001, s’ouvre mardi 24 janvier à Paris. L’ancien directeur de l’usine chimique AZF de Toulouse, Serge Biechlin, et Grande Paroisse, filiale de Total, sont rejugés pendant quatre mois par la cour d’appel de Paris, désormais compétente dans les affaires portant sur les grandes catastrophes industrielles.

La majorité des parties civiles, au nombre de 2 700, veulent aussi voir comparaître la maison mère Total et son ancien patron Thierry Desmarest, qui n’avaient pas été mis en examen. Il reviendra à la cour de dire si cette « citation directe » est recevable.

Le dépaysement de ce troisième procès a été critiqué par les associations de victimes, qui pour la plupart ne pourront pas s’y rendre pour des questions financières. Les audiences seront retransmises au Centre des congrès de Toulouse.

Un mélange de produits chimiques à l’origine de l’explosion

En 2009, le tribunal correctionnel de Toulouse avait relaxé au bénéfice du doute les deux prévenus, poursuivis pour « homicides, blessures et de destructions involontaires ». Trois ans plus tard, la cour d’appel de Toulouse les condamnait à trois ans de prison dont deux avec sursis et 45 000 euros d’amende pour Serge Biechlin, et 225 000 euros d’amende pour l’entreprise Grande Paroisse, estimant que l’explosion avait été provoquée par un mélange de produits chimiques.

Rejetant l’accident chimique, les avocats de Grande Paroisse avaient déposé des pourvois en cassation contre l’arrêt de 2012. La Cour de cassation a cassé l’arrêt, estimant qu’il « existait un doute objectif sur l’impartialité de l’un des juges ». L’une des magistrates de la cour d’appel de Toulouse était également vice-présidente d’une association proche de la Fédération nationale d’aide aux victimes d’attentats et d’accidents collectifs (Fenvac), partie civile lors du procès.

L’explosion survenue dans l’usine de Toulouse est la pire catastrophe industrielle en France depuis 1945. Selon la plupart des experts, elle a été causée par le contact entre deux substances incompatibles : chlore et nitrate d’ammonium. Assumant sa responsabilité civile, le groupe Total a versé 2 milliards d’euros aux victimes.